France : l'extrême droite prête à faire chuter le gouvernement
Michel Barnier sera-t-il encore Premier ministre ce mercredi après-midi ? Rien n'est moins sûr. La cheffe de file de l’extrême droite Marine Le Pen a en effet affirmé sur X ce mardi l'intention de son groupe politique de voter une motion de censure contre le gouvernement français après le passage en force de Michel Barnier sur la loi sur le budget de sécurité sociale. La censure a été justifiée par l'ex-présidente du Rassemblement national afin de "protéger les Français".
Michel Barnier espère un sursaut de dernière minute
Ce lundi, le Premier ministre français a invoqué un mécanisme constitutionnel - l'article 49.3 - pour faire passer en force son budget controversé de la sécurité sociale, après avoir échoué à obtenir le soutien du Rassemblement national.
Son projet de budget visait à réduire le déficit fiscal d'environ 6 % du PIB à 5 % l'année prochaine.
Afin de tenter de rallier le RN à sa cause, Michel Barnier avait fait des concessions de dernière minute, notamment en supprimant les hausses de prix de l'électricité et en réduisant la couverture des soins de santé pour les sans-papiers. Un effort qui se sera avéré insuffisant.
Mardi soir, dans un entretien télévisé, le Premier ministre a réfuté la stratégie de chantage de Marine Le Pen. "On n’est pas dans le marchandage", a-t-il déclaré. "Il y eu une écoute" (...) On a écouté tout le monde, on a donné des avancées sur beaucoup de points", citant notamment l'effort de relèvement des petites retraites.
Et Michel Barnier d'insister : "Il y a eu accord entre les deux assemblées".
L'opposition suffisamment forte pour évincer le gouvernement
Malgré cette écoute, Marine Le Pen a confirmé que son parti voterait en faveur de la motion de l'alliance de la gauche, qui bénéficiera d'un soutien suffisant de la part de la gauche et de l'extrême droite réunies pour évincer le Premier ministre.
Ce serait la première fois en plus de soixante ans qu'un gouvernement français serait renversé par un tel vote, ce qui ferait de Michel Barnier le Premier ministre le moins longtemps en fonction dans le pays depuis 1958.
Lors de son entretien télévisé le Premier ministre en sursis a réitéré ses propos tenus plus tôt devant les députés insistant sur la situation "très difficile" dans laquelle se trouvait la France. Et de marteler, en cas de chute de son gouvernement "tout sera plus difficile, plus grave".
Michel Barnier a été nommé par le président français Emmanuel Macron en septembre dernier afin de sortir l'Assemblée nationale de l'impasse et de s'attaquer au déficit galopant du pays.
Emmanuel Macron dénonce les appels à sa démission
Alors que des voix s'élèvent, chaque jour plus nombreuses, pour exiger la démission d’Emmanuel Macron en cas de chute de son gouvernement, le président français a qualifié ces appels de "politique fiction" et assuré ne pas songer à quitter l’Elysée avant la fin de son mandat en 2027.
Michel Barnier semblait mardi soir sur la même longueur d'onde soulignant qu'Emmanuel Macron avait été élu par une majorité de Français pour cinq ans et qu'il restait, en tant que président, le garant de la stabilité de la France.
En attendant, l'impasse sur le budget a mis à mal le marché boursier français ces dernières semaines et a brièvement poussé les coûts d'emprunt de Paris au-dessus de ceux de la Grèce pour la première fois dans l'histoire.