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France: L'armée de l'air défend sa place dans la stratégie spatiale

Le chef d'état-major de l'armée de l'air a marqué jeudi sa volonté de jouer un rôle de premier plan dans la future "stratégie spatiale de Défense" souhaitée par Emmanuel Macron, un enjeu sécuritaire auquel la France a redonné la priorité face à l'active prééminence des Américains, Russes et Chinois. /Photo d'archives/REUTERS/Kenzo Tribouillard

par Sophie Louet

PARIS (Reuters) - Le chef d'état-major de l'armée de l'air a marqué jeudi sa volonté de jouer un rôle de premier plan dans la future "stratégie spatiale de Défense" souhaitée par Emmanuel Macron, un enjeu sécuritaire auquel la France a redonné la priorité face à l'active prééminence des Américains, Russes et Chinois.

Avant même la décision de la Maison blanche de doter les Etats-Unis d'une force armée spatiale, sous réserve de l'approbation du Congrès d'ici à 2020, la revue stratégique de défense 2017 alertait contre une militarisation croissante de l'espace et les dangers d'un accès banalisé à la zone exo-atmosphérique avec notamment le développement du "New Space", l'industrie spatiale "low cost".

"Le domaine spatial est aussi un espace de confrontation où certains Etats peuvent être tentés d'user de la force pour en dénier l'accès ou menacer l'intégrité de ses composants."

La feuille de route fixée en juillet dernier par le chef de l'Etat en vue d'une stratégie nationale pour 2019 vise à embrasser "les incroyables potentialités" de l'espace tout en répondant à "la conflictualité qu'elle suscite".

Les réflexions ont été lancées et un rapport devait être remis prochainement à la ministre des Armées, Florence Parly.

La question de la gouvernance de l'espace y figure en bonne place et avec elle le rôle de l'armée de l'air, où la déception a pu sourdre des rangs à la découverte des arbitrages capacitaires de la loi de programmation militaire 2019-2025.

"Il nous faut investir les nouveaux champs de conflictualité, tels que le cyberespace et l'espace exo-atmosphérique", a déclaré jeudi le général Philippe Lavigne.

"Nous devons désormais répondre à l'enjeu de la contestation du domaine spatial. Les aviateurs, qui représentent les deux tiers des spécialistes de ce milieu au sein des armées, sont prêts à apporter leur contribution à ce domaine stratégique", a-t-il souligné lors de la présentation publique à Paris de son "plan stratégique" pour les années à venir.

"FORCE DE PROPOSITION"

Un message déjà délivré avec insistance en octobre devant la commission de la Défense de l'Assemblée, où le chef d'état-major de l'armée de l'air avait mis en avant "une solide expérience et une expertise reconnue" dans ce domaine alors que "nous sommes presque devenus, en volume d'effectifs, la plus petite des armées". Il avait alors souhaité être "une force de proposition".

Si l'état-major des armées entend garder la main au niveau opérationnel, il juge logique que l'armée de l'air s'ancre au centre de l'échiquier.

L'armée de l'air, qui dispose d'un centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux (Cosmos) à Lyon, a une mission de surveillance de l'espace et d'alerte aux populations en cas de danger spatial.

La LPM renforce le Commandement interarmées de l'espace (CIE), créé en 2010 pour coordonner la stratégie militaire spatiale.

Elle renouvelle en outre les équipements en matière de renseignement spatial, avec la mise en service en 2020 des trois satellites du programme CERES (capacité de renseignement électromagnétique spatiale), ou encore MUSIS (système multinational d'imagerie spatiale pour la surveillance, la reconnaissance et l'observation) et ses trois satellites CSO (Composante spatiale optique) dont le premier sera lancé le 18 décembre de Kourou (Guyane).

Florence Parly s'est portée garante des 3,6 milliards d'euros prévus pour les investissements et le renouvellement des satellites.

"Si la France prône une utilisation pacifique de l'espace, celui-ci ne peut plus être considéré comme sanctuarisé, donc il nous revient d'y préserver notre liberté d'accès et de contrer les menaces dans le respect de la Charte des Nations unies et du droit de légitime défense", souligne-t-on de source militaire.

Les Etats-Unis, qui dépensent entre 12 et 15 milliards de dollars par an dans le domaine spatial, compteraient quelque 150 satellites militaires dans l'espace, contre une trentaine respectivement pour la Chine et la Russie.

(Edité par Yves Clarisse)