La France insoumise débat à ciel ouvert des catégories populaires
DENIS CHARLET / AFP
François Ruffin photographié à Condé-Folie le 31 mai (illustration)
POLITIQUE - Ce n’est pas tous les jours que des dissensions s’expriment au sein de la France insoumise. Ce mardi 6 septembre, François Ruffin -électron libre chez LFI- a évoqué un sujet qui fâche au sein de la formation de la gauche : un déficit de crédibilité auprès de la France périphérique.
« Je voudrais m’adresser avec gravité à la gauche, et lui demander si elle veut reconquérir cet électorat populaire, cet électorat de la France des gilets jaunes, de la France périphérique », a lancé le député de la Somme, qui assure, ce 6 septembre sur France Inter, avoir « plus qu’un doute » sur la volonté de ses camarades d’aller dans ce sens. « Quand on voit le score du RN chez moi, en Picardie c’est 8 députés sur 17, c’est presque la majorité », déplore le député qui y voit des « signes d’abandon » de la part de la gauche traditionnelle.
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— France Inter (@franceinter)
Des propos dans la droite ligne de ceux tenus au mois d’avril auprès de Libération. Une interview au cours de laquelle il regrettait déjà que la France périphérique, « celle des bourgs », ne soit pas « une priorité » dans la campagne de Jean-Luc Mélenchon.
«Le vote Mélenchon fait 24 % en agglomération parisienne (+8 points comparé à 2017). Mais c’est 14 % dans les communes entre 20 000 et 100 000 habitants (-7 points) », décryptait-t-il, « carte électorale » à l’appui.
« Opposer, c’est la logique de l’advisaire »
Une vision des choses qui a du mal à passer chez les plus fidèles lieutenants de Jean-Luc Mélenchon. « Oui cher François, ’faisons-mieux’. Mais pourquoi taire nos bons scores dans des départements (93, 94..) qui sont aussi populaires ? La Nupes, c’est 43 % chez ceux qui gagnent moins de 1250 € », a rétorqué le jour-même dans un tweet Alexis Corbière, qui fait remarquer que « le premier comportement électoral des milieux popuplaires est l’abstention, pas le RN ».
Même son de cloche chez Antoine Léaument, ex-proche collaborateur de Jean-Luc Mélenchon, aujourd’hui député LFI de l’Essonne. « Opposer les citoyens des quartiers et des campagnes en invisibilisant la mobilisation des premiers pour dire qu’on n’a pas parlé aux seconds, c’est participer à la logique de division du peuple de nos adversaires », a-t-il répliqué sur le même réseau social, invitant son camarade de la Somme à « créer du commun, pas du clivage ».
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— Antoine Léaument 🇫🇷 (@ALeaument)
Également élu en région parisienne, Bastien Lachaud a apporté son concours aux tirs de barrage. « Le peuple est dans les grandes villes autant qu’à la campagne. Le fédérer dans sa diversité autour d’un idéal commun d’émancipation, c’est le combat historique de la gauche. Nous le menons avec Jean-Luc Mélenchon. Diviser, opposer, c’est la logique de l’adversaire. C’est une impasse », a répondu le député de Seine-Saint-Denis.
Clivage interne
Cela fait en réalité plusieurs semaines que ce clivage existe au sein des troupes mélenchonistes, au défi d’imaginer l’après-Mélenchon et donc d’analyser à froid le bilan du leader, sur fond d’appels à la « refondation » du parti. « J’en ai marre d’entendre qu’on est fort que dans les villes », grinçait auprès du HuffPost Alexis Corbière en amont de l’université d’été de la France insoumise, faisant remarquer que des candidats LFI ont été élus dans la Creuse, dans l’Aveyron ou dans la Sarthe lors des dernières élections législatives.
Un bilan sur lequel les plus proches de l’ancien député des Bouches-du-Rhône ne portent pas vraiment un regard critique, en dépit des trois défaites consécutives à la présidentielle. « L’inventaire, on peut le faire, et il est excellent », a balayé Mathilde Panot ce dimanche 4 septembre sur France 3, considérant que Jean-Luc Mélenchon « a permis à la gauche de ne être pas réduite en miettes ».
Pour @MathildePanot s'il faut faire l'inventaire de @JLMelenchon "il est excellent car il a permis à la gauche de n… https://t.co/iRuPuY5zNz
— DimancheEnPolitique (@DimPolitique)
Une façon polie d’inviter ceux qui voudraient aller trop loin dans l’instrospection, ou trop rapidement dans la succession du chef de file insoumis, à revoir leurs ambitions. Dans une interview accordée à Reporterre ce mardi, le principal intéressé a ouvert la voie à son propre « remplacement » en vue de la présidentielle de 2027.
Tout en adressant cet avertissement à ses troupes : « Le premier qui déclenche une guerre civile [au sein du mouvement], il aura affaire à moi ». Ce n’est pas encore la guerre civile, mais les tensions n’ont vraiment pas tardé à émerger.
À également sur Le HuffPost : Mélenchon s’explique sur son tweet sur le « droit au silence »
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