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France: Contraction du PIB inédite depuis 1968 au deuxième trimestre, le pire reste à venir

FRANCE: CONTRACTION DU PIB INÉDITE DEPUIS 1968 AU DEUXIÈME TRIMESTRE, LE PIRE RESTE À VENIR

PARIS (Reuters) - L'économie française s'est finalement contractée moins qu'estimé initialement au cours d'un premier trimestre marqué par l'instauration du confinement mi-mars, s'enfonçant malgré tout dans une récession qui devrait encore s'aggraver au deuxième trimestre.

Selon les données publiées vendredi par l'Insee, le produit intérieur brut (PIB) de la France a reculé de 5,3% sur les trois premiers mois de l'année - un plongeon sans précédent depuis les événements de Mai-68 - contre un repli de 5,8% annoncé initialement.

Le plongeon du PIB sur la période janvier-mars intervenant après un quatrième trimestre 2019 déjà pénalisé par les grèves dans les transports avec un recul de 0,1% du PIB, la France a donc basculé en récession, une situation définie par deux trimestres consécutifs de baisse du PIB.

Après deux mois de quasi-paralysie sous l'effet des restrictions mises en oeuvre pour tenter d'endiguer la crise sanitaire liée au coronavirus, la deuxième économie de la zone euro commence à reprendre son souffle depuis le 11 mai grâce à l'allègement progressif du confinement.

Pour autant la reprise s'annonce bien plus progressive que la brutalité du choc initial et l'Insee a prévenu mercredi que le plongeon du PIB serait "vertigineux" au deuxième trimestre, avec une contraction attendue de 20%.

LONG RATTRAPAGE EN VUE

Selon Jacob Nell, économiste de Morgan Stanley, les données disponibles suggèrent que la reprise restera très graduelle et que le retour aux niveaux de production observés avant le début de cette crise sanitaire ne devrait survenir qu'en 2022.

Un constat partagé par Julien Manceaux, économiste d'ING, qui estime dans une note que le PIB resterait encore "4,5% sous sa tendance d'avant-crise à la fin de l'année prochaine".

Autre indicateur suggérant une aggravation de la situation au deuxième trimestre, la consommation des ménages, traditionnel moteur de l'économie française, est restée grippée en avril, s'écroulant de 20,2% par rapport au mois de mars, au cours duquel elle avait déjà plongé de 16,9%.

"Il s'agit du second mois consécutif enregistrant une baisse historique depuis le début de la série en 1980", souligne l'Insee dans une publication distincte.

Avec la fermeture de la plupart des commerces pendant la période de confinement, le recul des dépenses de consommation s'est accompagné d'une forte croissance du taux d'épargne des ménages, qui a bondi à 19,6% au premier trimestre (contre 15,1% sur les trois derniers mois de 2019), un niveau sans précédent depuis la fin des années 70.

Dans le même temps, le taux de marge des entreprises s'est effondré pour s'établir à 29,4% (contre 33,5% au quatrième trimestre 2019), retrouvant son point bas de 2013, au moment de la crise des dettes souveraines dans la zone euro.

Dans une note distincte, l'Insee a par ailleurs révisé en légère hausse la croissance du PIB des deux dernières années, à 1,8% en 2018 (contre 1,7% précédemment) et 1,5% en 2019 (contre 1,3% auparavant).

(Leigh Thomas, avec Myriam Rivet et Blandine Hénault, édité par Jean-Stéphane Brosse)