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La France a ses 100 000 bornes de recharge pour voitures électriques, mais des défis persistent

A Marseille, une voiture électrique branchée à une borne de recharge.
A Marseille, une voiture électrique branchée à une borne de recharge.

TRANSPORT - Enfin ! Avec un an et demi de retard, la France a atteint son objectif de 100 000 bornes de recharge pour voiture électrique installées sur son territoire. Elle devient ainsi un des pays les mieux équipés d’Europe, mais se pose désormais la question de l’entretien d’un tel réseau et du déploiement des charges rapides, encore minoritaires.

Un temps envisagé pour fin 2021, puis fin 2022, le cap des 100 000 bornes publiques aura finalement été franchi avec quelques mois de retard en ce début mai 2023. « La France était en retard, elle est désormais en tête parmi les pays européens », s’est félicité le ministre des Transports Clément Beaune.

« C’est un vrai accomplissement », a salué le directeur général de l’Avere qui rassemble tous les industriels du secteur, Clément Molizon. « En 2021, le rythme a été multiplié par cinq, passant de 4 000 à 20 000 points de charge. Aujourd’hui, la moyenne est de 4 000 points de recharge publics installés chaque mois, soit le double de l’année dernière. La dynamique est majeure et structurante », a-t-il également insisté dans Le Point.

« Il est temps d’avoir un message positif et de rassurer sur l’état des déploiements », a-t-il souligné, alors que l’échec à atteindre cet objectif dans les délais impartis avait été largement commenté. « On a beaucoup entendu que nous manquions de bornes de recharge. C’est faux ! Il y en a et nous en déployons de plus en plus », affirme-t-il encore au Parisien.

Macron veut 400 000 bornes d’ici à 2030

La France, plus grand pays de l’Union européenne par la superficie, devient le deuxième pays le mieux doté, derrière les petits Pays-Bas et juste devant l’Allemagne, qui la devançait encore il y a quelques mois, a indiqué l’Avere. Sur le territoire, les véhicules électriques représentent 15,4 % du marché des voitures particulières neuves au premier trimestre 2023, en hausse de trois points par rapport à 2022.

Afin de répondre à cette croissance, le président Emmanuel Macron veut atteindre les 400 000 bornes d’ici à 2030. L’Avere a elle fixé une fourchette « entre 330 000 et 480 000 » d’ici à la fin de la décennie, selon Clément Molizon.

Evolution du nombre de points de recharge ouverts au public sur les 24 derniers mois.
Evolution du nombre de points de recharge ouverts au public sur les 24 derniers mois.

L’obligation de vendre des véhicules zéro émission (essentiellement électriques) en Europe à partir de 2035 pousse les industriels à insister sur le déploiement des bornes pour soutenir la demande, tout comme la multiplication des ZFE.

Mais la multiplication des points de charge ne suffit pas, préviennent certains acteurs. « On s’est fixé un objectif de quantité, ce qui est très bien (...) mais ce qui compte c’est aussi la qualité de la recharge », insiste Matthieu Dischamps, directeur général France de Powerdot, un des principaux opérateurs de borne de recharge rapide dans l’Hexagone.

Un manque de point de charge rapide

Actuellement, la France compte environ 10 % de point de charge rapide – au-delà de 50 kW de puissance. Ces installations permettent de recharger son véhicule en 20 à 30 minutes pour la somme de 30 euros environ, en fonction de la taille de la batterie. « En Allemagne, on est plutôt à 18 % » de points de charge rapide, souligne Matthieu Dischamps pour qui la France devrait viser les 20 % pour être en accord avec la demande.

« Il y a 1,3 million de véhicules électriques en France actuellement, et la projection c’est qu’on sera à 13 millions en 2030 », prévient-il. Il cite en exemple les supermarchés : « Quand on fait ses courses, on doit pouvoir se recharger en 30-40 minutes ».

Actuellement, ce sont surtout les autoroutes qui bénéficient de ces installations. Comme les réseaux autoroutiers APRR et Area, dont 100 % des aires de repos sont désormais équipées, « soit une station de recharge tous les 30 km », selon ces sociétés.

Les investissements pour ce type d’installation sont lourds. Sur les autoroutes, les stations doivent être surdimensionnées afin d’absorber les flux lors des grands week-ends de chassé-croisé et éviter la saturation.

Encore des doutes sur la viabilité du réseau

« On perçoit la rentabilité sur du long terme », souligne Clément Molizon qui demande un soutien des pouvoirs publics dans l’attente de la densification du parc électrique. « Nous investissons entre 200 000 et 500 000 euros par site et nous avons 1 000 sites en cours de déploiement », indique Matthieu Dischamps.

Autre défi, garantir la viabilité du réseau alors que de nombreux points de charge publics ne fonctionnent pas ou mal et que les automobilistes disent régulièrement rencontrer des difficultés pour recharger leur véhicule. Comme le pointe aussi le Parisien, le déploiement des bornes est parfois très inégal sur le territoire.

Pour assurer un déploiement efficace de points de charge rapide, la France peut compter sur Enedis, « le gestionnaire de réseau de distribution le plus rapide en Europe », selon Matthieu Dischamps, dont la société est implantée dans cinq pays sur le continent.

Il l’assure, la rapidité de raccordement des stations au réseau « va conditionner le déploiement » des infrastructures.

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