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François Fillon dénonce un complot, accuse Jouyet de mensonge

François Fillon dément avoir plaidé auprès de l'Elysée pour accélérer les procédures judiciaires contre Nicolas Sarkozy et accuse le secrétaire général de la présidence, dont le témoignage est à l'origine de ces allégations, de mensonge. /Photo d'archives/REUTERS/Eric Gaillard

PARIS (Reuters) - François Fillon dément avoir plaidé auprès de l'Elysée pour accélérer les procédures judiciaires contre Nicolas Sarkozy et accuse le secrétaire général de la présidence, dont le témoignage est à l'origine de ces allégations, de mensonge. L'ancien Premier ministre a de même nié avoir simplement évoqué ces affaires avec Jean-Pierre Jouyet, comme celui-ci l'a indiqué dans une déclaration faite dans la journée de dimanche après avoir dans un premier temps démenti les propos qui lui étaient prêtés. L'ancien ministre Bruno Le Maire, qui brigue la présidence de l'UMP, a réclamé la démission du secrétaire général de l'Elysée, l'accusant d'avoir menti dans sa première version. Du côté de la majorité, le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a estimé qu'il n'y avait pas d'affaire Jouyet "mais une affaire de la droite et de l'UMP". Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a concédé une certaine "maladresse" dans les propos de l'intéressé mais pour ajouter que l'essentiel était qu'aujourd'hui, "il n'y a pas de possibilité de faire pression sur la justice". L'affaire a démarré avec des propos attribués par des journalistes du Monde à Jean-Pierre Jouyet concernant un déjeuner avec François Fillon fin juin, au cours duquel ce dernier aurait demandé à son interlocuteur de "taper vite" sur Nicolas Sarkozy pour ne pas "le laisser revenir". Répondant à un démenti de Jean-Pierre Jouyet, le quotidien a publié des extraits d'un entretien enregistré, amenant le secrétaire général de l'Elysée à reconnaître que François Fillon lui avait fait part de sa "grave préoccupation" sur l'affaire Bygmalion et le paiement par l'UMP des pénalités de dépassement des dépenses de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. Mais il a ajouté aussitôt avoir indiqué que "la présidence de la République ne pouvait rien s’agissant de cette procédure relevant de la justice" et qu'il n'y avait plus, depuis mai 2012, "aucune intervention" de l'Elysée dans une procédure judiciaire. Sur TF1 dimanche soir, François Fillon s'est déclaré "scandalisé" et "en colère". "On m'accuse d'avoir demandé à l'Elysée d'accélérer des procédures judiciaires contre Nicolas Sarkozy, c'est une fable, ce sont des propos infamants", a-t-il dit. MANIPULATIONS OU MACHINATIONS Evoquant la "nouvelle version étonnante" donnée par Jean-Pierre Jouyet, il a ajouté : "Nous n'avons pas parlé des pénalités. Si M. Jouyet dit cela, c'est un mensonge". "J'ai porté plainte contre les journalistes en diffamation. Si jamais, il est avéré que les propos ont été tenus, c'est vis-à-vis de M. Jouyet que nous aurons une explication judiciaire", a-t-il poursuivi. Il a estimé être victime "soit de manipulations si elles viennent des journalistes, soit de machinations graves si elles viennent de l'Elysée". Invité du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, Bruno Le Maire a déclaré faire confiance à François Fillon, qui "lui a toujours tenu les mêmes propos alors que le secrétaire général de l'Elysée "a dit une chose formellement puis il l'a démentie". Pour lui, Jean-Pierre Jouyet "n'a d'autre pas d'autre choix que de remettre sa démission du secrétariat général de l'Elysée". Un proche de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a de même jugé qu'il y avait une affaire Jouyet, exprimant son "intime conviction" que François Fillon n'avait fait aucune démarche anti-Sarkozy auprès de l'Elysée. "Le secrétaire général de l'Elysée accuse M. Fillon, voilà la véritable information (...) S'il a tenu ces propos, c'est une affaire d'Etat", a-t-il dit lors du Grand Rendez-Vous i>Télé-Europe 1-Le Monde. La présidente du Front national, Marine Le Pen, a dénoncé une "affaire symbolique" de l'UMPS, l'alliance selon elle tacite de l'UMP et du Parti socialiste qu'elle stigmatise régulièrement. "Elle se symbolise dans la personne de Jouyet, aujourd'hui secrétaire général de l'Elysée dans un gouvernement socialiste, hier sous-ministre (des Affaires européennes) de François Fillon", a-t-elle déclaré sur France 3. "Ce sont les mêmes (...). Tous ces gens-là travaillent ensemble", a-t-elle dit avant de s'en prendre à la "fange qu'est devenue la politique française." (Yann Le Guernigou, édité par Pierre Sérisier)