François Bayrou en grand oral à l’Assemblée : les 3 questions majeures que le Premier ministre doit trancher

Les trois questions cruciales que Bayrou (ici le 17 décembre 2024) doit trancher dans son grand oral à l’Assemblée
STEPHANE DE SAKUTIN / AFP Les trois questions cruciales que Bayrou (ici le 17 décembre 2024) doit trancher dans son grand oral à l’Assemblée

POLITIQUE - Le rideau se lève. La brume aussi ? François Bayrou ouvre véritablement son ère à Matignon ce mardi 14 janvier, avec sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale, un mois après sa nomination par le président de la République. Un grand oral rituel qui permet au nouveau chef du gouvernement de présenter sa feuille de route.

Réforme des retraites : François Bayrou écarte une suspension et tourne le dos au PS

Pour le centriste, plus encore que ses prédécesseurs, la tâche est ardue : il doit « trouver le chemin » de la stabilité au sein d’une Assemblée divisée en trois blocs, et parvenir, sans majorité absolue, à faire adopter un budget. Un « Himalaya de difficultés » selon sa propre expression, qui avait fait chuter son prédécesseur Michel Barnier en décembre dernier et provoqué une nouvelle période d’atermoiements.

Jusqu’à présent, François Bayrou et son équipe ont entretenu le flou autour du cap qu’il entend donner à son action et des annonces qui seront faites ce mardi. Reviendra-t-il sur le sujet des retraites ? Quelle potion souhaite-t-il pour le budget ? Les attentes sont nombreuses, dans un contexte politique et économique toujours aussi périlleux.

Que faire de la réforme des retraites ?

Le Premier ministre est tout d’abord attendu sur le sujet de la réforme des retraites. La gauche hors-LFI a fait de l’abrogation, ou de la suspension, de ce texte adopté aux forceps en 2023, un préalable à tout éventuel accord de non-censure. Ce pacte de non-agression qui semble être à l’heure actuelle le chemin le plus court pour permettre aux ministres à peine nommés de durer quelques mois.

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Que compte-t-il faire ? Selon les participants aux (nombreuses) consultations organisées à Bercy entre les ministres et les partis de gauche ouverts à la discussion, Eric Lombard et Amélie de Montchalin, les nouveaux locataires de lieux, se sont montrés enclins à remettre le texte sur le billot. Pourquoi pas en redonnant la main aux partenaires sociaux.

Dès lors, les dirigeants socialistes, communistes et écologistes poussent François Bayrou à leur donner des gages rapidement, dès ce mardi à la tribune de l’Assemblée. Mais le Premier ministre va devoir soigneusement choisir ses mots. Car l’hypothèse du détricotage de la réforme phare du second quinquennat Macron suscite de nombreuses crispations dans son propre camp.

Laurent Wauquiez a par exemple prévenu que ce rétropédalage se ferait « sans la Droite républicaine », tandis qu’Édouard Philippe évoque toute suspension comme une « mauvaise idée. » Équation difficile… À tel point que le centriste aurait renoncé à cette mise en pause, selon les dernières tractations ce mardi à la mi-journée.

Quelle feuille de route budgétaire ?

Ensuite, François Bayrou va devoir en dire davantage sur les questions budgétaires et les lois de finances et de financement de la sécurité sociale, premières embûches majeures sur sa route. Sur le fond, le chef du gouvernement devrait préciser son objectif de réduction du déficit (le ministre de l’Économie évoque 5 à 5,5 % du PIB et 50 milliards d’économie), et les leviers qu’il entend actionner pour réussir.

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Parmi les pistes envisagées : des coupes dans les dépenses publiques, avant tout, mais également de nouveaux impôts sur les plus aisés. Selon L’Opinion, Amélie de Montchalin a par exemple évoqué l’idée d’une taxation du patrimoine des plus riches lors de ses rencontres à Bercy. Aussi, le chef du gouvernement devrait revenir sur quelques points de méthode, après sa décision de reprendre les textes budgétaires de Michel Barnier, mis en pause par la motion de censure. Un choix qui empêche les modifications majeures… Et qui ouvre la voie à des textes rectificatifs dans les mois à venir.

Là aussi, ces questions sont délicates. Pour ne pas censurer le gouvernement, les partis de gauche non-mélenchonistes réclament des efforts notamment en matière de justice fiscale ou de politiques climatiques. Mais toute main tendue aux socialistes ou écologistes pourra crisper les élus du socle commun (bloc central - LR), comme le montre déjà la levée de boucliers à droite sur la question des impôts.

Quel cap politique ?

François Bayrou, qui prépare son discours seul depuis sa nomination selon les échos de presse, ne se bornera pas aux urgences du moment, le budget ou les textes concernant Mayotte. Lui qui se prépare depuis des décennies à être au centre de l’arène va profiter de l’occasion pour « embrasser ce à quoi il croit », selon les mots de l’un de ses proches dans les colonnes du Monde. En d’autres termes : de fixer un cap politique.

Difficile, alors, d’imaginer le locataire de Matignon ne pas deviser sur l’Éducation nationale, un des « combats politiques de sa vie », ou, plus concrètement, sur l’instauration de la proportionnelle aux législatives. Un thème qui le rapproche du Rassemblement national ou du Parti socialiste, tous deux favorables à la révision des règles électorales. Difficile également dans le contexte actuel d’imaginer le Premier ministre ne pas évoquer les enjeux sécuritaires ou migratoires, sous les yeux du tandem Retailleau - Darmanin.

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Autant de questions et d’enjeux qui dessineront le projet du nouveau Premier ministre. Qui donneront également des indices sur les familles politiques, le Rassemblement national ou la gauche, que le Palois et son gouvernement entendent choyer pour assurer leur survie. L’heure des choix.

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