Françafrique. Bombardement de Bouaké : des condamnés mais pas de vérité

Le procès devait enfin faire la lumière sur une des affaires les plus obscures de la France en Afrique ces dernières années. C’est raté. Après trois semaines d’audience, les pilotes des avions qui ont bombardé un camp militaire français en 2004, faisant neuf morts, ont été condamnés par contumace. Mais on ne sait toujours rien du point crucial de cette affaire qui a précipité la Côte d’Ivoire dans la crise : est-ce Paris ou Abidjan qui a donné l’ordre de tirer ?

Le procès du bombardement d’un camp militaire français à Bouaké en Côte d’Ivoire, a connu son épilogue [jeudi 15 avril], après trois semaines d’audiences publiques. La Cour a condamné par contumace les trois accusés à la réclusion criminelle à vie. Il s’agit du mercenaire biélorusse Yury Sushkin et deux officiers ivoiriens que sont Ange Gnanduillet et Patrice Ouei [ces trois hommes pilotaient les avions militaires ivoiriens qui ont bombardé le lycée Descartes, au centre de la Côte d’Ivoire, le 6 novembre 2004. Le bâtiment était occupé par des hommes de la force française, neuf soldats ont été tués, 38 blessés].

Mais comme l’a si bien reconnu l’avocat général lui-même, la probabilité que les trois prévenus qui viennent d’être condamnés soient un jour arrêtés est “faible”, pour ne pas dire très faible. Les deux copilotes ivoiriens ont été jugés et amnistiés dans leur pays. Or, un sacro-saint principe du droit veut qu’un prévenu ne soit pas jugé deux fois pour les mêmes faits. Quant au pilote biélorusse, personne ne sait avec exactitude où il se cache. Conscient qu’il peut d’un moment à l’autre être alpagué, il ne prend pas de risque.

Étouffer l’affaire

C’est dire donc que ces condamnations ne constituent que de la poudre jetée aux yeux des blessés et des familles des victimes. D’autant plus que, défilant à la barre en qualité de témoins, les autorités politiques de l’époque telles que l’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, l’ex-ministre

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