Formule 1 – Daniel Ricciardo s’impose au terme d’une course complètement folle

GRAND PRIX D’AZERBAÏDJAN – Dixième sur la grille, le pilote Red Bull a profité des nombreux incidents de course pour glaner une victoire inespérée.

Daniel Ricciardo avait le sourire sur le podium. Certes, le sympathique Australien ne se défait que rarement de son légendaire sourire. Mais ce dimanche, le pilote Red Bull a de quoi exposer son sourire ultra bright. Seulement dixième sur la grille, il a réalisé le hold up parfait, profitant des accidents des uns, des débris laissés par les autres pour remonter tranquillement. Et finalement s’imposer !

Une course complètement folle

Alors que le Grand Prix d’Europe disputé à Bakou l’année dernière avait été long… très long, le changement d’appellation, pour Grand Prix d’Azerbaïdjan, a visiblement été bénéfique. Dès le départ, tout s’est emballé. Bien parti, Vettel a pris le dessus sur Räikkönen et Bottas. Les deux Finlandais se sont alors expliqués à coup de roues. Si le pilote Mercedes a dû repasser aux stands pour changer de pneus et quelques pièces de carbone, la Ferrari n°7 est restée en piste, déposant ça et là des débris de carbone.

Après seulement une vingtaine de tours, la voiture de sécurité a dû intervenir une deuxième fois pour nettoyer enfin les morceaux abandonnés sur la piste. Elle était déjà sortie plus tôt pour évacuer la Toro Rosso de Daniil Kvyat, abandonnée sur le bord de la piste. Alors qu’on pensait que la course nous avait déjà livré toutes ses surprises, on a assisté à la relance la plus chaotique de l’histoire !

Voulant ralentir au maximum le peloton, Lewis Hamilton a surpris Sebastian Vettel qui n’a pu évité le contact entre les deux monoplaces. Revenu à sa hauteur pour exprimer son mécontentement, l’Allemand a donné un coup de volant, entraînant un deuxième choc entre les voitures.

Dans le même temps, les deux pilotes Force India se sont rentrés dedans. Si la monoplace d’Ocon pouvait reprendre la piste, celle de Pérez était trop abimée, tout comme celle de Räikkönen, rentrée aux stands sans fond plat, sans pneu arrière et avec un aileron arrière totalement explosé. Heureusement pour ces deux derniers, l’interruption de la course pour un nettoyage complet du circuit a permis à leurs mécaniciens de remettre tout cela en état et de les relancer en piste.

Le podium inespéré

Malgré leur accrochage, Hamilton et Vettel pointaient toujours en tête, quand en l’espace de quelques minutes, la course a basculé. L’Allemand s’est vu sanctionné d’un stop and go de 10 secondes pour son coup de volant sur le Britannique, qui a du lui aussi repasser par les stands, son système de protection du cou ne tenant plus !

Ricciardo en a profité pour prendre les commandes d’une course qu’il n’espérait pas gagner. Derrière lui, Lance Stroll a cru jusque dans les derniers mètres tenir la deuxième place. Mais Valtteri Bottas lui a grillé la politesse dans la dernière ligne droite. Le Finlandais, dernier à la fin du premier tour, ne s’attendait pas non plus à ramener une coupe ce dimanche !

Le résultat complet du GP :

Les tops :

1. La bagarre Vettel/Hamilton : Depuis le début de la saison, ces deux-là s’affrontent pour le championnat. Mais jamais directement en piste. Quand l’un brille, l’autre connaît un coup de moins bien. Bakou restera comme le théâtre de leur premier véritable affrontement. Et quel affrontement ! A chaque relance après la sortie de la safety car, Hamilton a tenté des stratégies différentes pour contenir l’Allemand, entraînant même un accrochage entre eux. Alors que les deux hommes se sont retrouvés dans le milieu du peloton après leurs déboires respectifs, ils ont continué de se rendre coup pour coup. Une animation qui a clairement plu à Patrick Tambay. “Nous avons assisté à une course complètement folle, très animée. J’ai beaucoup aimé ce Grand Prix. Ce genre de course fait du bien à la Formule 1.”

2. Daniel Ricciardo : Que dire ? L’Australien n’a pas connu une qualification facile. Parti à la faute en fin de Q3, le pilote Red Bull s’élançait de la 10e place seulement. Profitant de cette course incroyable, il a réussi à remonter, évitant les nombreux pièges du jour. Jusqu’à remporter une victoire sur laquelle il n’aurait pas parié une pièce, de son propre aveu. Un succès chanceux, mais c’est aussi ça la beauté de la Formule 1 !

3. Lance Stroll : Clairement l’homme du jour ! Depuis son arrivée en F1, le jeune Canadien n’a pas été épargné par les critiques, les nôtres en premier. Mais à force de travail, il a su gommer les défauts des débuts et apprendre de ses erreurs. Un avis partagé par notre consultant F1, Patrick Tambay. “Je l’avoue, je le voyais un petit peu trop comme un « fils de » avant. Et là, il a été simplement parfait.” A Bakou, il est devenu le premier Canadien depuis Jacques Villeneuve en 2001 à grimper sur un podium. Tout comme Ricciardo, il a su se faufiler entre les débris pour pointer en deuxième position jusqu’aux derniers mètres de la course. Mais Valtteri Bottas, bien décidé à ramener le maximum de points à Mercedes, l’a contraint à se contenter de la dernière marche du podium.

Mention spéciale aux mécaniciens Ferrari et Force India : Durant la vingtaine de minutes d’interruption de la course, les deux équipes ont été en mesure de retaper des monoplaces en pièces. La suspension de la Force India n’avait en effet pas résisté au choc avec sa sœur pilotée par Ocon. Quant à la Ferrari, elle ne devait même pas faire le poids minimum obligatoire lorsqu’elle est rentrée, tant elle avait perdu de morceaux avant.

Les flops :

1. Kimi Räikkönen : Troisième sur la grille, le Finlandais pouvait espérer ramener de gros points. Mais son accrochage très tôt avec Valtteri Bottas, qui ne lui a pas laissé assez de place pour passer, a clairement ruiné sa course. Égarant des morceaux de sa voiture à chaque tour, le champion du monde a entraîné la sortie de la deuxième safety car, pour nettoyer les dégâts. A la relance, un choc entraîne la crevaison de son pneu arrière. Revenu aux stands avec une Ferrari en kit, il a pu reprendre la piste. Malheureusement, avec un tel retard qu’il a eu raison d’abandonner en fin de course. Dommage, un bon résultat était possible.

2. Max Verstappen : L’autre grosse déception du jour. A l’extinction des feux, le pilote Red Bull a très vite montré les muscles. Une deuxième place était largement à sa portée. Mais son moteur l’en a empêché. Après seulement 13 tours, le Néerlandais a fait savoir à son stand que son bloc turbo connaissait des problèmes. Finalement, tout semble repartir, mais à la data, les ingénieurs comprennent que le problème est grave et demandent au pilote de rentrer aux stands.

3. La bagarre Vettel/Hamilton : Et oui ! Expliquons-nous avant que vous vous emportiez. Les deux hommes nous ont régalé. Mais certains gestes ou demandes n’ont clairement pas été à la hauteur des deux champions du monde. Vouloir ralentir ses poursuivants au restart, c’est normal. Mais Hamilton l’a fait dans une zone peu adaptée, et est responsable du premier accrochage entre eux. Mais le coup de volant de Vettel par la suite n’a pas sa place en Formule 1. “Ce geste n’est pas beau, estime Patrick Tambay. Je ne comprends pas qu’il est pu perdre son sang froid de la sorte. Mais Hamilton était le premier agresseur.” Quant à la demande d’Hamilton en fin de course à son stand que Bottas (alors devant Vettel) ralentisse pour lui permettre de dépasser la Ferrari, elle nous a clairement énervés. Un triple champion du monde, au volant d’une Mercedes ultra bien née, ne devrait pas avoir besoin de ce genre de petit arrangement pour doubler.