Football: Argentine, Grèce, Egypte... ces pays où les déplacements de supporters ont été interdits
Il semblerait que la violence en lien avec le supportérisme et les tribunes soit un mal endémique qui empoisonne le football et le gangrène, un constat qui se vérifie un peu partout sur la planète, là où le ballon rond déchaîne les passions. En France, le décès tragique d’un supporter nantais devant la Beaujoire a fait dire à la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, qu’il était peut-être temps "pour l’instant" de "s'arrêter sur les déplacements de supporters".
Face à ces violences qui ont émaillé le début de saison à des degrés divers de gravité et terni l’image du football hexagonal, le gouvernement français pourrait se laisser tenter par des mesures radicales, encouragé sur cette voie par la Ligue de football professionnel (LFP). Vincent Labrune, son président, a tenu auprès de RMC Sport à apporter sa contribution au débat en suggérant que le temps était venu de "frapper un grand coup", tout en rappelant en préambule que "les problèmes de violence autour du football ne sont pas spécifiques à la France".
Angleterre, Allemagne, Italie, Pays-Bas…: quasiment tous nos voisins y ont été ou y sont encore confrontés ces dernières années, mais aucun d’entre eux n’a interdit le déplacement de tous les supporters. Aux Pays-Bas, "la violence dans le football est un monstre à plusieurs têtes qu’il n’est pas facile d’éradiquer", écrivait en avril la ministre néerlandaise de la justice. Chaque saison, et ce depuis au moins la fin des années 90, des scènes d'une extrême violence choquent le pays.
Grèce, Argentine, Egypte... trois exemples difficilement comparables à la France
Le Klassiker, surnom donné au duel entre l’Ajax Amsterdam et le Feyenoord Rotterdam, a donné lieu en 1997 au décès d’un supporter en marge de la rencontre. Des hooligans des deux camps s’étaient affrontés au bord d’une autoroute lors de la tristement célèbre "Bataille de Beverwijk".
Après de nouveaux excès de violence en 2009, la décision avait été prise d’interdire les déplacements de supporters adverses dans le cadre de ce match. Initialement prévue pour une durée de cinq ans, la mesure a été étendue à plusieurs reprises et demeure toujours en vigueur aujourd’hui. Mais il s’agit d’un match spécifique qui cristallise une détestation où se mêlent beaucoup de choses.
Les interdictions de stades pour endiguer les violences en marge du football ont existé en Grèce, où des supporteurs perdent la vie régulièrement à l’occasion de règlements de compte entre supporters en dehors des enceintes sportives, mais le contexte sur place est beaucoup plus complexe (jeu de pouvoir et d’influence, corruption…).
Les matches à huis clos, les supporters égyptiens ont eux aussi connu cela, après le drame de Port-Saïd qui avait fait 74 morts dans des affrontements entre groupes d’ultras en 2012, mais la situation est là encore difficilement comparable à la France, à l’instar de ce qui se fait en Argentine, où les supporteurs visiteurs sont interdits lors des matches de première division depuis dix ans.
Pour quel bilan ? Le football argentin continue d’être rongé par la violence. En 2018, après l’attaque par des supporters de River du car transportant les joueurs de Boca Juniors, la finale de la Copa Libertadores avait dû être déplacée. Depuis 2013, il y aurait eu plus de 70 décès en lien avec des matchs de football en Argentine, selon une enquête régulièrement mise à jour de l’organisation Salvemos al Futbol.