"Fondation", l'œuvre d'Isaac Asimov, réputée inadaptable, arrive sur Apple TV+

La série Fondation sur Apple TV+ - Apple TV+
La série Fondation sur Apple TV+ - Apple TV+

Les fans de science fiction ont de quoi frétiller. Après Dune, l’adaptation au cinéma de l’œuvre de Frank Herbert, c’est au tour de Fondation, d’Isaac Asimov, un autre immense classique de la littérature SF, d’être transposé à l’écran. La série Fondation arrive ce vendredi 24 septembre sur Apple TV+, qui en diffuse les deux premiers épisodes, avant d'égrener les huit suivants au rythme d’un par semaine.

Cette série en 10 épisodes repose sur les épaules de Jared Harris, vu dans de nombreuses séries, de Mad Men au récent Chernobyl, Lee Pace, qui interprète Ronan dans l’univers Marvel ou encore de l’actrice finlandaise Laura Birn. On y croise aussi plusieurs jeunes acteurs comme Leah Harvey, Cassian Bilton, ou Lou Llobell dont c’est l’un des premiers rôles.

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C’est quoi?

Monument de la SF, Le cycle de Fondation, de l'écrivain américain d'origine russe Isaac Asimov, a été publié au tout début des années 40 sous forme de nouvelles dans la revue Astounding Stories, puis regroupé au début des années 50 en une trilogie, Fondation, Fondation et Empire et Seconde Fondation. Trois romans auxquels Asimov ajoutera des suites dans les années 1980, Fondation Foudroyée et Terre et Fondation.

Fondation, récit pionnier du space opera, raconte le déclin d'un empire galactique dont la capitale est la planète Trantor. Si l'histoire se situe dans un futur lointain, dans 22.000 ans, alors que l'humanité a essaimé dans des millions de planètes dans toute la galaxie, Isaac Asimov s'est inspiré d'Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain d'Edward Gibbon.

L'un des personnages principaux de Fondation est le mathématicien Hari Seldon, inventeur de la psychohistoire, science qui permet de prédire l'avenir grâce aux mathématiques. Grâce à la psychohistoire, il prédit la fin, proche et inéluctable, de l'empire, et le début de 30.000 ans d'une guerre sanglante et meutrière. Il met au point un plan, le plan Seldon, pour constituer la Fondation, berceau d'un nouvel empire, dont le siège est la planète Terminus.

Pourquoi c'est culte?

Publié un peu en catimini dans les années 40, Fondation n’a réellement rencontré le succès qu’au milieu des années 60. En 1966, il obtient ainsi le prix Hugo, catégorie "Meilleure série de tous les temps", en même temps que Dune est sacré "meilleur roman".

Grand scientifique - il avait un doctorat en biochimie - Asimov a été un véritable visionnaire dans de nombreux domaines, anticipant des évolutions technologiques, telles que l'avènement de l'ordinateur et de l'Internet. Il est le père de concepts qui ont révolutionné la science fiction, la psyhohistoire du cycle de Fondation, mais aussi les "trois lois de la robotique" du cycle des Robots.

C'est pendant la Seconde Guerre mondiale qu'Isaac Asimov imagine pour la première fois l'histoire de Fondation. La psychohistoire est pour lui un concept réconfortant "motivé par le désir de savoir ce qui se passerait pendant la guerre au cours des prochains mois. (...) Hitler ne cessait de remporter des victoires, et la seule façon pour moi de rendre la vie supportable était de me convaincre que, quoi qu'il fasse, il était condamné à la défaite, à la fin" racontait-il ainsi dans Conversations With Isaac Asimov.

La trilogie d'Asimov, devenue un classique, a profondément marqué la science fiction. Influençant par exemple le Dune de Frank Herbert, ou encore le Star Wars de George Lucas, qui, il faut le dire, a pioché un peu partout pour créer sa propre mythologie.

Mais l'influence de Fondation dépasse largement le cadre de la littérature et de la fiction. C'est ainsi le livre de chevet du prix Nobel d’économie Paul Krugman, pour qui "l’économie est ce qui s’approche le plus de la psychohistoire", mais aussi d'un certain Elon Musk. Quand le fondateur de SpaceX a envoyé son Tesla Roadster dans l'espace en 2018, l'engin transportait, entre autres, un exemplaire de Fondation, gravé au laser dans le quartz.

Une œuvre inadaptable

Si l’autre grande saga d’Asimov, son cycle sur les robots, a été adaptée au cinéma - notamment dans I, Robot, d'Alex Proyas, personne ne s’était encore frotté à Fondation. Warner, qui en avait acquis les droits en 2008, n’a ainsi jamais mené à bien le projet qui devait être piloté par Roland Emmerich, le grand spécialiste des films catastrophe (Independance Day, le Jour d’après, 2012). Trop compliqué.

C'est en réussissant à "pitcher" le concept de la saga en une seule phrase, que David S. Goyer, showrunner de la série, a emporté le morceau auprès d'Apple. L'homme est connu pour avoir coscénarisé, avec Christopher Nolan, Man of Steel, Batman begins et The Dark Knight rises, ou encore cocréé l'éphémère mais prometteuse série Flash Forward. Pour lui, Fondation c'est:"

"C'est un jeu d'échecs de 1.000 ans entre Hari Seldon et l'Empire, où tous les personnages sont des pions, mais certains d’entre-eux finiront par devenir des rois et des reines", a-t-il ainsi exposé aux représentants d'Apple, comme il l'évoquait dans une interview au Hollywood Reporter.

Pour autant, David S. Goyer, était tout à fait lucide sur l'ampleur de la tâche. Il a ainsi énuméré les trois grands écueils qui ont, selon lui, empêché d'adapter Fondation au cinéma ou à la télévision, jusqu'à aujourd'hui.

"Le premier est que l'histoire est censée s'étendre sur 1000 ans avec d’énormes sauts temporels. C'est certainement difficile à résumer dans un film de deux ou trois heures (...) Le deuxième est le côté 'anthologie' des livres. Vous avez deux nouvelles dans le premier livre, autour du personnage principal Salvor Hardin, puis d’un coup, vous avancez de cent ans et vous vous trouvez avec un personnage totalement différent. (...) Le troisième est que les personnages ne sont pas particulièrement expressifs; ce sont des livres autour d'idées, de concepts. Donc, une grande partie de l’intrigue se déroule hors écran".

Si David S. Goyer a dû prendre quelques libertés avec les romans - il a notamment féminisé de nombreux personnages - Robyn Asimov, fille de l'auteur, a veillé, en tant que productrice exécutive, à ce que l'œuvre de son père ne soit pas dénaturée. Le showrunner compte bien en faire le nouveau Games of Thrones et aimerait tenir 8 saisons...

Article original publié sur BFMTV.com