Comment fonctionne le Wegovy, ce médicament anti-obésité lancé en France par le laboratoire Novo Nordisk ?

Le laboratoire pharmaceutique danois Novo Nordisk a annoncé le lancement commercial en France de son médicament vedette contre l’obésité, le Wegovy, sur ordonnance mais sans remboursement.
SCOTT OLSON / AFP Le laboratoire pharmaceutique danois Novo Nordisk a annoncé le lancement commercial en France de son médicament vedette contre l’obésité, le Wegovy, sur ordonnance mais sans remboursement.

SANTÉ - Autorisé depuis janvier 2022 dans l’Union européenne, le Wegovy fait enfin son arrivée dans les officines françaises. Le laboratoire danois Novo Nordisk a annoncé ce mardi 8 octobre le lancement commercial en France de son médicament vedette contre l’obésité. Le traitement ne sera cependant disponible que sur ordonnance, non remboursé et dans un cadre restreint, établi par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).

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Son lancement en France intervient dans un contexte d’explosion de la demande pour une nouvelle génération de traitements efficaces pour perdre du poids : les analogues du GLP-1 (aGLP-1), dont le Wegovy fait partie. Cette classe de médicaments mime une hormone intestinale qui stimule la sécrétion d’insuline et procure une sensation de satiété.

Des conditions de prescription restreintes

Le Wegovy, qui consiste en une injection hebdomadaire avec un dosage progressif, a montré des résultats enthousiasmants depuis son autorisation par l’agence européenne du médicament. Selon la Haute Autorité de santé (HAS), le traitement occasionne une perte de poids estimée à 17 %. Dans un message transmis à l’AFP, le directeur général de la filiale France de Novo Nordisk, Étienne Tichit, « espère que cette arrivée permettra à de nombreux patients français de rentrer dans un parcours de soins comprenant un régime hypocalorique et une activité physique renforcée qui reste incontournable ».

La prise du Wegovy n’est cependant pas sans conséquence pour les patients. Sa substance active, la sémaglutide, est la même que celle de l’antidiabétique Ozempic fabriqué aussi par Novo Nordisk, mais utilisée ici à des dosages plus élevés, ce qui suscite des effets indésirables comme des nausées, des diarrhées ou encore des vomissements.

D’où la décision de l’ANSM de « restreindre les conditions de prescription et délivrance de l’ensemble des aGLP-1 indiqués dans le traitement de l’obésité ». Ainsi, les prescriptions d’initiation au traitement doivent être fournies par des spécialistes en endocrinologie-diabétologie-nutrition. Les renouvellements peuvent en revanche être réalisés par des généralistes.

L’agence demande également aux médecins de se conformer au parcours de soins de la Haute Autorité de santé, c’est-à-dire de « prescrire les aGLP-1 indiqués dans le traitement de l’obésité aux patients ayant un indice de masse corporelle (IMC) initial supérieur ou égal à 35 kg/m2, âgés de moins de 65 ans ».

Ce médicament doit en outre être utilisé uniquement après l’échec d’une prise en charge nutritionnelle et en association à un régime hypocalorique et à une activité physique. Il s’agit, pour le gendarme du médicament, de « sécuriser l’utilisation des aGLP-1 indiqués dans le traitement de l’obésité, dans un contexte de mésusage potentiel de ces produits », notamment « le détournement à des fins esthétiques » par des personnes qui n’ont pas de problèmes de santé liés au poids.

Pas de remboursement par la Sécurité sociale

Wegovy n’est, à ce jour, pas inscrit au remboursement et son prix est donc fixé librement, comme dans la plupart de la quinzaine de pays où il est déjà commercialisé. Sur la base de son autre médicament anti-obésité commercialisé en France, le Saxenda, qui n’est à ce jour pas évalué en vue d’un remboursement, la filiale française de Novo Nordisk a estimé le prix du traitement Wegovy « entre 9 et 12 euros par jour ».

Si le traitement n’est officiellement autorisé que depuis ce mardi, jusqu’à 10 000 patients obèses ont déjà eu accès au Wegovy en France, selon le fabricant, dans le cadre d’un accès précoce qui permet de bénéficier de traitements innovants plus d’un an avant leur commercialisation officielle. Cet accès autorisé entre juillet 2022 et septembre 2023 leur permettait d’en disposer gracieusement jusqu’à fin octobre 2024. Le laboratoire va prolonger cette mesure « jusqu’à fin janvier 2025 » de manière à « ne pas laisser sans solution » les quelque 7 000 patients encore sous traitement.

Mais il est fort improbable qu’à cette date-là, les négociations sur le prix avec le comité économique des produits de santé (CEPS) auront abouti, puisque Wegovy doit être réévalué « d’ici la fin de l’année » par la HAS en prenant compte des résultats d’une nouvelle étude (Select) qui ont montré une réduction du risque d’événements cardiovasculaires indésirables majeurs avec ce traitement.

Comme le rappelait en mars dernier la revue médicale britannique The Lancet, l’obésité touche désormais plus d’un milliard de personnes dans le monde. En France, 17 % de la population adulte est obèse, soit 8 millions de personnes.

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