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La Fnac retire de la vente un jeu de société sur les « antifas », et ça ne passe pas

La Fnac retire de la vente un jeu de société sur les « antifas », et ça ne passe pas
Capture Fnac La Fnac retire de la vente un jeu de société sur les « antifas », et ça ne passe pas

POLÉMIQUE - La Fnac est sous le feu des critiques. En cause, le tollé suscité par la présence d’un jeu de société sur les « antifas » dans son catalogue, puis celui provoqué par son retrait, annoncé dimanche 27 novembre. La chaîne de magasins a effectivement été interpellée durant le weekend par un syndicat de commissaires de police et plusieurs élus et militants d’extrême droite qui exigeaient le retrait de son site d’un jeu de cartes dans lequel il est proposé aux joueurs d’animer un groupe antifasciste fictif.

« Ce ’jeu’ est en vente à la Fnac. Un commentaire pour ainsi mettre en avant les antifas, qui cassent, incendient et agressent dans les manifestations ? » a dénoncé le SCPN dans un tweet.

Avant cela, la polémique avait été lancée sur les réseaux sociaux par l’extrême droite, et notamment le député RN Grégoire de Fournas, qui a récemment fait l’actualité avec son exclusion temporaire de l’Assemblée nationale. Pour rappel, il avait crié « Qu’il retourne en Afrique » à l’adresse de son collègue LFI Carlos Martens Bilongo alors que ce dernier évoquait la situation des migrants secourus en Méditerranée.

Cette fois-ci, sur Twitter, il a donné, vendredi 25 novembre, des exemples de ce que le jeu proposerait prétendument comme options aux joueurs : « Case 1 : ’je bloque une fac’ ; Case 2 : ’je tabasse un militant de droite’ ; Case 3 : ’j’attaque un meeting du RN’ ; Case 4 : ’je lance un cocktail Molotov sur les CRS’ ». Et d’ajouter : « La Fnac, vous n’avez pas honte ? »

La Fnac retire le jeu… sur la base de fausses informations ?

« Nous comprenons que la commercialisation de ce ’jeu’ ait pu heurter certains de nos publics. Nous faisons le nécessaire pour qu’il ne soit plus disponible dans les prochaines heures », a finalement écrit sur Twitter le compte officiel de l’entreprise sur Twitter, en réponse au message du SCPN. Édité par les éditions Libertalia et en vente depuis le 10 novembre, Antifa, le jeu, n’était ainsi plus accessible sur le site de la Fnac dimanche soir, note BFMTV.

Sauf que, comme le souligne le journaliste de Mediapart Mickaël Correia, les cases évoquées par le député n’ont jamais existé. Et pour cause : il s’agit d’un jeu de cartes.

Les éditions Libertaria dénoncent ainsi un retrait sur la base « d’allégations mensongères émanant de l’extrême droite, puis des forces de répression ».

Les internautes dénoncent le deux poids, deux mesures de la Fnac

Surtout ce rétropédalage de la Fnac a provoqué la colère de nombreux internautes, qui rappellent que l’entreprise possède dans son catalogue d’autres produits qui, eux aussi, peuvent « heurter certains de [leurs] publics ».

« Vous vendez ce livre qui a inspiré Brenton Tarrant à commettre une tuerie de masse raciste en Nouvelle-Zélande, allez-vous aussi le censurer ? », demande par exemple l’organisation Action Antifasciste Paris-Banlieue au sujet du « Grand remplacement » de Renaud Camus. Ce texte avait en effet inspiré le terroriste de Christchurch en 2019, l’homme abattant 51 personnes dans l’attaque de deux mosquées à l’arme de guerre.

« Rappelons que la FNAC vend Mein Kampf d’Adolf Hitler (version originale et traduite), et Le Grand Remplacement de Renaud Camus. Mais au moins elle vient de retirer de la vente Antifa : le jeu, qui « a pu heurter certains de leur public », dénonce encore un internaute.

Antisémitisme, négationnisme et désinformation

« Donc vous pouvez retirer un produit en moins de 24 heures. Pourtant, cela fait trois ans qu’on vous signale un livre en capacité de tuer des gens, selon lequel la séropositivité s’explique par la consommation de pizzas et le SIDA se guérit par le jeûne et le refus de tout médicament », tempête quant à lui un collectif qui informe sur les dangers de certaines alternatives pseudoscientifiques en matière de santé et de bien-être.

Un journaliste de Libération et StreetPress note encore qu’un livre d’Hervé Ryssen, antisémite et négationniste français notoire « qui a fait de la prison pour son apologie de la haine » est présent sur le site espagnol de la Fnac. Tout comme des ouvrages du multicondamné Alain Soral.

La polémique a tellement enflé que sur Twitter, 32.475 tweets ont été publiés au sujet de l’enseigne en 24 heures, « soit 12 fois plus que l’activité habituelle autour de la marque », note la plateforme de veille Visibrain ce 28 novembre. Le signe qu’en ayant cédé aux sirènes de certains, l’enseigne a en réalité sûrement donné naissance à un « effet Streisand » et donc offert de la visibilité au jeu de société.

Antifa, le jeu, est un jeu de cartes créé par La Horde, un site antifasciste. « Initialement utilisé comme outil de formation pendant plus de deux ans, le jeu a finalement été édité en septembre 2021 par les éditions Libertalia », peut-on lire sur leur site Internet.

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