Il y a des fleurs qui sentent bon dans les tableaux de Léonard de Vinci
L’exposition "Léonard de Vinci et les parfums de la Renaissance", jusqu’au 15 septembre au château du Clos Lucé à Amboise, qui fait voyager dans le temps, l’espace et des fragrances agréables, offre deux découvertes inattendues : celle d’un Léonard de Vinci féru de parfums et de recettes nouvelles à la Renaissance, revisitées aujourd’hui par Pascal Brioist, professeur à l’université de Tours, qui a guidé Sciences et Avenir dans l’exposition. Et aussi celle des tribulations depuis le Caucase jusqu’à l’Italie, de Caterina, mère de Léonard, d’abord esclave puis affranchie, récemment révélées par Carlo Vecce, professeur de littérature italienne à l’université de Naples L’orientale.
Il avait aussi un nez. Pas seulement l’œil "qui se dit fenêtre de l’âme" selon un de ses écrits célèbres. Outre ses machines et fameux dessins d’anatomie, Léonard de Vinci avait ses recettes de parfum, un domaine en pleine révolution à la Renaissance. Et pour mieux le comprendre, il a fallu pratiquer une véritable "archéologie expérimentale", selon les termes de Pascal Brioist (1), professeur à l’Université de Tours, l’un des deux commissaires de l’exposition « Léonard de Vinci et les parfums de la Renaissance » (lire encadré « Caterina la circassienne »), qui fait la chasse aux idées reçues sur Léonard !
Ce sont des parfums capiteux mais jamais trop forts dont on enveloppait "les vêtements, les gants, les chaussures, les objets", explique-t-il. Exemple parmi les plus raffinés de l’époque, l’oiselet de Chypre. Ce parfum solide a été reconstitué pour l’occasion par Océane Fontaine Cioffi, du centre d’études supérieures de la Renaissance (université de Tours) avec le storax calamite, une substance résineuse à piler avec d’autres substances – ce peuvent être des racines d’iris, du labdanum, résine d’un ciste poussant dans le bassin méditerranéen, de la gomme adragante ... – le tout donnant une pâte noire brillante.
Capture des odeurs
Moulée en forme de petit oiseau, elle se solidifie et il n’y a plus qu’à la mettre en cage. Exprès pour l’exposition, à partir d’un dessin de Léonard dans le Codex Atlanticus, a été construite par l’ingénieur-mécanicien Michel Campana une jolie petite cage dorée comme celle où aurait pu brûler jadis pareil oiselet, laissant s’échapper des volutes odoriférantes.
Le mot parfum ne vient-il pas du latin « per-fumum » - à travers la fumée -, rappelant les rituels religieux depuis l’Antiquité avec encens, résines et aromates montant vers les divinités ? Aujourd’hui, pour faire bonne mesure scientifique, Pascal Brioist et ses équipes sont allés jusqu’à identifier par chromatographie en phase gazeuse les molécules émises par l’oiselet brûlant. Et [...]