Finale de la « Star Academy » : les télécrochets servent-ils encore à découvrir des talents ?

STAR AC - Qui d’Anisha, Léa, Enola ou Louis gagnera la Star Academy, le contrat avec Sony Music et les 100 000 euros qui vont avec ? Les quatre derniers candidats seront fixés sur leur sort ce samedi 26 novembre à partir de 22h (Coupe du monde oblige) sur TF1. Le plus dur commence donc maintenant pour les néo-chanteurs. Car remporter l’émission est une chose, mais faire son trou une fois sorti du château de Dammaries-lès-Lys en est une autre.

Rien que dans l’histoire de la Star Academy, plus de 150 candidats ont participé aux différentes saisons. Ajoutez à cela les participants des 11 saisons de The Voice, des 13 saisons de Nouvelle Star et des 5 de Popstars : à la louche, plus de 600 aspirants artistes sont passés par ces programmes depuis 2001. C’est un fait, peu, même parmi les gagnants, sont parvenus ensuite à s’inscrire durablement dans le monde de la musique.

À l’heure de la viralité des réseaux sociaux, ce phénomène remet-il en question l’utilité de ces télécrochets ? Interrogé dans son studio par Le HuffPost comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article, Mosimann, ancien gagnant de la Star Ac en 2008 et réalisateur de l’hymne de cette saison 2022, n’est pas de cet avis. Pour le producteur et DJ, également directeur artistique, ce qui fait réellement la différence, c’est la « personnalité », assure-t-il.

« Il y a des artistes qui voudront toujours se démener, toujours faire des choses, qui vont trouver des solutions. Parce qu’ils ne savent rien faire d’autre. » Le musicien prend d’ailleurs exemple sur Lubiana, chanteuse qu’il a découverte lorsqu’il était coach dans The Voice Belgique, et avec laquelle il travaille toujours. « C’est une artiste qui s’est trouvée, qui sait où elle est ».

« Le secret de tout, c’est de savoir si on est habité »

Il surenchérit : « Un artiste amène toujours à un autre artiste. Je suis toujours très excité de découvrir des projets et de voir s’ils sont habités ou pas. Le secret de tout, c’est de savoir si on est habité par cela ou pas ».

Mais pour autant, l’aspect grand public de ces programmes ne désavantage-t-elle pas les chanteurs et chanteuses au style moins mainstream ? Contacté par Le HuffPost à l’occasion des 20 ans de la Star Academy en 2021, Bertrand Hellio, auteur du livre Devenir professionnel de la musique, appuyait dans ce sens. « Il y a des tentatives systématiques de formatage. Ces émissions ne peuvent pas correspondre à tout type d’artiste. Elles sont destinées à un très grand public donc forcément les chanteurs avec un style ‘de niche’ sont désavantagés. »

Et d’ajouter : « Il y a de plus en plus de personnes en France qui souhaitent se lancer et vivre de la musique. Quand on compare avec les années 80, il me semble qu’il y en a quatre fois plus ». Mais qui dit plus de personnes dit forcément plus de concurrence, l’auteur était d’ailleurs limpide à ce sujet : « Il y a quatre fois plus de personnes, mais pas quatre fois plus de places. »

Quid des maisons de disques, qui ont par conséquent dû gérer une énorme affluence de néo-chanteurs prêts à faire carrière ? « Leur stratégie est court-termiste, avait répondu le spécialiste. C’est un coup marketing pur et dur. Les télécrochets étant très récurrents, je ne pense pas qu’ils aient en tête de les faire durer, à de rares exceptions près. »

Une opinion que ne partage pas le DJ franco-suisse : « Je pense qu’ils partent complètement avec un avantage, fait-il valoir. Ils ont opportunité de toucher une audience plus large et faire connaître leur musique, ajoute-t-il. Je ne peux pas m’empêcher de penser à mon histoire. Je viens vraiment des bas-fonds de la techno industrielle. » Ce qui ne l’a donc pas empêché de gagner la Star Ac et de se faire un nom par la suite. Les talents de cette cuvée 2022 pourront-ils en dire autant ?

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