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Fin de vie : Nathalie Baye, Annie Ernaux et 107 autres personnalités signent un manifeste

Parmi cette liste des 109, on retrouve Nathalie Baye, Françoise Hardy, Éric Cantona, Line Renaud, ou encore Franck Dubosc.
Parmi cette liste des 109, on retrouve Nathalie Baye, Françoise Hardy, Éric Cantona, Line Renaud, ou encore Franck Dubosc.

FIN DE VIE - « Nous estimons que la loi française, qui interdit l’aide active à mourir, est injuste. » Alors que la Convention citoyenne sur la fin de vie rendra ses conclusions le 2 avril, L’Obs publie, jeudi 16 mars, le « manifeste des 109 », appelant le gouvernement et les parlementaires « à réformer la loi » sur la fin de vie. Une initiative similaire à celle faite il y a cinquante ans par le même magazine, dans laquelle 343 femmes, publiques ou anonymes, demandaient la légalisation de l’avortement en France.

Dans cette liste des 109, on retrouve des noms tels que Laure Adler, Nathalie Baye, Annie Ernaux, Françoise Hardy, François Ozon, Éric Cantona, Line Renaud, Jean-Luc Mélenchon ou encore Franck Dubosc. Certains prennent la parole dans les pages du magazine pour raconter la fin de vie d’un proche. Tous dénoncent le manque de moyens mis en place pour que les Français et Françaises atteints de maladies graves et incurables puissent mourir dans la dignité.

« Ils demandent à leur médecin de les aider à mourir et se heurtent à un refus, condamnés à subir une fin de vie longue et douloureuse, en contradiction avec leur volonté libre et réfléchie », écrivent-ils dans le manifeste.

« Notre mort doit nous appartenir »

La comédienne Nathalie Baye affirme être « complètement pour l’aide active à mourir », depuis qu’elle a assisté à l’agonie de sa mère dans un hôpital. « Ma mère mourait entourée de personnes en train de mourir. Je l’aimais et je ne supportais pas qu’elle soit traitée comme ça, qu’on la laisse agoniser dans ce chaos », explique-t-elle.

« Je ne vois pas l’intérêt de faire durer les souffrances : les souffrances physiques (peut-être contenues par des médicaments), mais surtout les souffrances psychologiques, insiste la comédienne dans L’Obs. La vie nous appartient. La mort aussi. Et si un jour, je suis moi-même dans cet état, je voudrais, de la même manière, qu’on arrête la comédie de la vie. Fini, quoi. »

Le cinéaste Benoît Cohen, qui a écrit le livre Formidable (éd. Flammarion) au sujet de la fin de vie de son père, parle aussi de son expérience dans l’hebdomadaire et s’interroge : « Comment est-il encore possible que des personnes qui souhaitent éviter la souffrance d’un proche soient considérées comme des assassins ? Que soulager son père puisse être assimilé à un parricide ? »

François Galichet a eu affaire à la justice pour son engagement sur la fin de vie. L’ancien professeur de philosophie a été mis en examen en 2021, avec d’autres membres de l’association Ultime Liberté, pour avoir aidé à l’importation de pentobarbital – un barbiturique interdit dans l’Hexagone depuis 1996, sauf chez les vétérinaires. Dans un témoignage bouleversant, il raconte à L’Obs comment il a aidé, avec ce produit, une femme atteinte d’un cancer de la moelle osseuse à mourir chez elle, entourée de ses proches.

Partir à l’étranger, un recours douloureux

En France, la loi actuelle n’autorise ni l’euthanasie, ni le suicide assisté. Ces interdictions encouragent des malades à se rendre dans des pays où ces pratiques sont légales, tels quel la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg ou encore l’Espagne.

C’est ce qu’a fait l’écrivaine Anne Bert, atteinte de la maladie de Charcot, en choisissant de mettre fin à ses jours en Belgique en 2017. « Elle avait envisagé le suicide mais les gens qui, comme elle, ont recours à l’euthanasie n’ont pas envie de mourir, c’est juste qu’ils ne voient pas d’autre solution, et elle avait peur de se suicider toute seule. L’euthanasie, pratiquée par un médecin, avec l’accompagnement d’un psychologue, s’est donc imposée comme la seule issue possible », explique Roxane Guichard, la fille de l’écrivaine, dans les pages de L’Obs.

Trop âgée pour faire le voyage, la mère d’Anne Bert n’a pas pu accompagner sa fille à la fin. « Si l’aide active à mourir avait été légale en France, elle aurait pu se tenir aux côtés de sa fille dans ses derniers instants », regrette Roxane Guichard, qui estime que de s’exiler à l’étranger pour mourir « ajoute de petites souffrances à une très grande ».

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