Sur la fin de vie, François Bayrou provoque une fronde qui s’étend désormais à son gouvernement

Comme Yaël Braun-Pivet et les défenseurs du texte initial, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher estime que François Bayrou fait erreur.

France's Prime Minister Francois Bayrou leaves after the weekly cabinet meeting at the presidential Elysee Palace in Paris, on January 15, 2025. (Photo by Ludovic MARIN / AFP)

Un texte vaut mieux que deux projets de loi. La fronde s’étend contre l’idée de François Bayrou de scinder en deux le projet de loi sur la fin de vie, avec d’un côté les soins palliatifs et de l’autre l’aide à mourir. Après Yaël Braun-Pivet, la ministre de la Transition écologique fait savoir son désaccord.

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« Je souhaite que l’on garde le texte sur la fin de vie en un seul morceau : les soins palliatifs et l’accès à une aide active à mourir doivent être débattus l’un avec l’autre », écrit ainsi Agnès Pannier-Runacher ce mercredi 22 janvier sur les réseaux sociaux, en donnant le point à la présidente de l’Assemblée nationale plutôt qu’au Premier ministre. Cet enjeu « touche au plus intime. À notre mort, à celle de nos proches. Il doit être débattu avec sérénité », ajoute celle qui se positionne à la gauche de l’architecture gouvernementale.

Un avis partagé par les défenseurs du texte initial, au sein de la Convention citoyenne qui a contribué à son élaboration, où parmi les élus mobilisés sur le sujet depuis des années. « Je ne suis pas favorable à la proposition du chef du gouvernement, par conviction et par expérience », a ainsi expliqué le député Olivier Falorni, un élu membre du groupe MoDem (le parti de François Bayrou) à l’Assemblée nationale, sur Sud Radio.

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Pour le parlementaire, « l’accompagnement de la fin de vie est un tout. Il y a une réponse primordiale, les soins palliatifs, et il doit y avoir un ultime recours, qu’est l’aide active à mourir. On ne peut pas séparer artificiellement les deux. »

« Une proposition portée par les opposants à l’aide à mourir »

Par ailleurs, Olivier Falorni souligne que « cette proposition (de scinder le texte) qui revient régulièrement est toujours portée par les opposants à l’aide à mourir. » « Il s’agit de dire “on fait d’abord une loi sur les soins palliatifs et ensuite on voit un peu plus tard, dans deux ans, dans trois ans, si on parle de l’aide à mourir” », a-t-il ainsi anticipé, affirmant avoir « déserté depuis longtemps l’armée des naïfs ».

De fait, si le choix de deux textes peut apparaître de simple forme, il marque en réalité un développement important dans l’histoire – déjà longue de plusieurs années – du projet de loi censé initialement porter la grande réforme sociétale de la présidence d’Emmanuel Macron.

La fin de vie a d’abord fait l’objet d’une convention citoyenne, puis d’un long travail de plusieurs gouvernements pour qu’un projet de loi parvienne finalement début 2024 à l’Assemblée nationale. Il prévoyait le développement des soins palliatifs mais aussi de légaliser, à d’importantes conditions, une « aide active à mourir » – concrètement un suicide assisté ou, dans certains cas, une euthanasie.

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La dissolution de l’été 2024 l’a arrêté net avant un premier vote solennel, alors que les clivages restent vifs. Les partisans de l’aide à mourir y voient un sujet essentiel de liberté et de dignité. Ses adversaires, dont nombre de religieux et certains soignants, craignent une évolution dangereuse éthiquement.

En optant pour deux textes, François Bayrou répond à une demande du second camp et reprend une partie des arguments des sceptiques de l’aide à mourir. Celle-ci « est une question de conscience » quand les soins palliatifs relèvent d’« un devoir de la société à l’égard de ceux qui traversent cette épreuve », a ainsi justifié l’entourage du locataire de Matignon, précisant que les deux textes désormais prévus seront examinés « dans la même temporalité. » Sans rassurer les défenseurs de la mouture initiale.

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