Fin de semaine hésitante sur fond d'actualité dense et avant l'emploi américain

par Blandine Henault

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes évoluent sur une note hésitante vendredi à l'issue d'une semaine dense, marquée par une actualité chargée sur le front de la politique américaine et par un nouveau petit pas de la Banque centrale européenne (BCE) vers une normalisation de sa politique monétaire, le tout avant la publication du rapport sur l'emploi aux Etats-Unis.

À Paris, l'indice CAC 40 est quasiment inchangé (+0,09%) à 5.258,98 points vers 08h50 GMT, de même que le FTSE à Londres (+0,05%). À Francfort, le Dax perd 0,11%.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro, le FTSEurofirst 300 et le Stoxx 600 évoluent tous trois autour de l'équilibre.

Les investisseurs tentent d'évaluer la portée de l'annonce d'une possible rencontre entre Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, après des mois de rhétorique guerrière entre les deux pays.

Ce spectaculaire développement dans le dossier nord-coréen a été annoncé jeudi soir à la Maison blanche et a été accueilli avec un enthousiasme modéré sur les marchés en Asie.

Le Nikkei a gagné jusqu'à 2% avant de céder une partie de ses gains pour terminer en hausse de 0,47%. A Séoul, l'indice Kospi a atteint en séance un plus haut depuis le mois de mai à 2.476,43 points, correspondant à un gain de 1,5%, mais il a ensuite réduit son avance pour clôturer sur une progression de 1,08%.

L'annonce sur la Corée du Nord est intervenue après la promulgation jeudi soir par Donald Trump des déclarations imposant des droits de douane sur les importations américaines d'aluminium et d'acier.

La position relativement souple adoptée par l'administration Trump, qui prévoit des exemptions possibles notamment pour le Canada et le Mexique, a permis de quelque peu rassurer les investisseurs. Wall Street a ainsi clôturé en légère hausse jeudi, le S&P 500 gagnant 0,45%.

LE MARCHÉ DIGÈRE LES ANNONCES DE LA BCE

Les annonces de la BCE, qui a confirmé jeudi sa politique monétaire ultra-accommodante mais a renoncé à son engagement à augmenter si nécessaire le montant mensuel de ses rachats d'actifs, ont aussi été saluées.

"La normalisation va rester très lente et elle peut néanmoins s'apparenter à une bonne nouvelle car cela signifie que l'économie est suffisamment solide pour supporter un retrait des politiques ultra-accommodantes", observe Tangi Le Liboux, stratège chez Aurel BGC.

Sur le marché des changes, l'euro a été toutefois plus sensible au ton encore très accommodant du président de la BCE, Mario Draghi, qu'au communiqué de la banque centrale, qui l'était un peu moins.

La devise unique est retombée vers le seuil de 1,23 dollar.

La réaction sur le marché obligataire a été quasi identique : le rendement du Bund allemand à 10 ans est revenu autour de 0,64% après un pic à plus de 0,7% la veille.

Le yen évolue pour sa part en net repli (-0,5%), l'embellie diplomatique entre les Etats-Unis et la Corée du Nord poussant les investisseurs à prendre plus de risque et à délaisser un actif traditionnellement refuge.

La Banque du Japon a par ailleurs adopté, comme attendu, le statu quo sur sa politique monétaire vendredi.

L'indice dollar, qui mesure l'évolution du billet vert face à un panier de devises de référence, est quasiment inchangé.

LE RAPPORT SUR L'EMPLOI EN LIGNE DE MIRE

Dernier rendez-vous important de la semaine, la publication, à 13h30 GMT, du rapport mensuel sur les créations d'emploi aux Etats-Unis pour le mois de février, et de sa composante, très attendue, sur le salaire horaire moyen.

C'est ce même indicateur qui avait provoqué début février la brutale correction sur les marchés. Les économistes interrogés par Reuters s'attendent à une progression de 2,8% du salaire horaire moyen le mois dernier sur un an, après 2,9% en janvier, ce qui pourrait apaiser les craintes d'une accélération vive de la hausse des salaires et de l'inflation.

Aux valeurs en Europe, l'officialisation des droits de douane américains sur l'acier et l'aluminium pèse sur le compartiment de l'automobile (-0,57%), plus forte baisse sectorielle.

Le compartiment des médias (-0,04%) est pour sa part pénalisé par la chute de Lagardère, plus forte baisse du Stoxx 600 avec un repli de 6,28%.

Le groupe d'édition et de médias table sur un résultat opérationnel stable en 2018 après des résultats 2017 jugés mitigés, le marché s'inquiétant également de l'impact des cessions à venir dans les médias.

(Édité par Patrick Vignal)