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Fin de l'accord de trêve en Colombie, l'ELN reprend ses attaques

Le drapeau de la Colombie avec écrit "paix" en espagnol. Les rebelles de l'Armée de libération nationale (ELN) ont repris leurs attaques en Colombie mercredi, quelques heures après la fin d'un accord de cessez-le-feu et alors que la reprise des négociations était programmée. /Photo d'archives/REUTERS/John Vizcaino

par Helen Murphy et Luis Jaime Acosta

BOGOTA/QUITO (Reuters) - Les rebelles de l'Armée de libération nationale (ELN) ont repris leurs attaques en Colombie mercredi, quelques heures après la fin d'un accord de cessez-le-feu et alors que la reprise des négociations était programmée.

L'ELN a lancé trois attaques à l'explosif contre le gazoduc de Caño Limon, relié au deuxième plus important champ pétrolifère du pays, endommageant le pipeline et forçant l'arrêt du pompage, a expliqué à Reuters un haut représentant de l'armée.

Les rebelles ont aussi lancé une grenade sur la base navale d'Arauquita, dans la province d'Arauca, blessant deux soldats.

Par ailleurs, la compagnie pétrolière nationale Ecopetrol a annoncé qu'une de ses installations située dans la province de Casanare avait été attaquée.

Les négociations entre le gouvernement et l'ELN, organisées à Quito, la capitale équatorienne, depuis février dernier, devaient reprendre lundi mais avaient été repoussées à ce mercredi en raison d'un problème logistique, avait annoncé le gouvernement.

L'ELN a expliqué en décembre être prête à prolonger la trêve mais elle ne souhaite pas conserver les termes de l'accord original, qui prévoyait notamment l'arrêt des enlèvements, des attaques contre les installations pétrolières et du recrutement de mineurs, en échange de la protection de ses responsables locaux et de meilleures conditions de détention pour ses 450 membres emprisonnés.

"INEXPLICABLE"

Pablo Beltran, le négociateur en chef de l'ELN à Quito, a déclaré mercredi que les deux parties ont toujours été d'accord pour revoir les termes du cessez-le-feu une fois la première trêve expirée.

Les rebelles ont respecté les conditions du cessez-le-feu et les attaques de mercredi se sont produites dans "des situations complexes" de guerre, a ajouté Beltran, selon qui l'ELN est toujours disposée à négocier une nouvelle trêve.

"Nous attendons une réponse du gouvernement quant à sa volonté de trouver une issue après cet incident. Si la réponse est positive, la délégation de l'ELN restera à Quito. Sinon, nous devrons retourner en Colombie", a dit le négociateur en chef des rebelles.

Le président Juan Manuel Santos a demandé après les attaques à son négociateur en chef, l'ancien vice-président Gustavo Bell, nommé en décembre, de rentrer à Bogota afin de réfléchir à la suite à donner aux négociations.

"Je déplore la décision de l'ELN de reprendre ses attaques terroristes", a déclaré le chef de l'Etat lors d'une allocution télévisée. "Le gouvernement a toujours été enclin à prolonger le cessez-le-feu. De manière inexplicable, l'ELN a refusé. Vu les circonstances, j'ai ordonné le retour de notre négociateur en chef afin de réfléchir à l'avenir des discussions."

L'ELN, qui compte environ 2.000 combattants et en guerre contre le pouvoir central depuis 1964, a déclaré en octobre dernier le premier cessez-le-feu de son histoire. Elle est considérée comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.

Le président Santos, dont le mandat prend fin cette année, a obtenu en 2016 un accord de paix historique avec les Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie), devenues depuis un parti politique.

(Gilles Trequesser et Jean Terzian pour le service français, édité par Henri-Pierre André)