Fin de campagne tendue en Autriche, à deux jours de l'élection

VIENNE (Reuters) - A deux jours d'une élection présidentielle très indécise, l'Autriche a vécu vendredi une fin de campagne tendue, marquée par les échanges d'accusations entre les deux candidats. Norbert Hofer, qui espère devenir dimanche le premier président d'extrême droite librement élu depuis la Seconde Guerre mondiale en Europe, est accusé par son rival, le candidat indépendant Alexander Van der Bellen, de préconiser un "Öxit", une sortie de l'Autriche de l'Union européenne. Le candidat du Parti de la liberté (FPÖ) a affirmé que Vienne pourrait suivre les pas du Royaume-Uni en organisant un référendum sur la question, avant de se rétracter, mais le sujet a été relancé par son adversaire jeudi soir au cours d'un débat houleux. "Les gens qui ne cessent de parler d'Öxit et accusent les autres de nuire au pays en parlant d'Öxit feraient bien de se regarder et de se demander qui nuit le plus à l'Autriche", a déclaré Norbert Hofer lors d'un meeting. Le dirigeant d'extrême droite, 45 ans, dont le slogan est "Votre patrie a besoin de vous, maintenant", a ajouté que l'UE était en crise et qu'il n'entendait pas céder davantage de pouvoirs à Bruxelles. Il a prôné une baisse d'impôts et une amélioration des relations de Vienne avec la Russie. Pendant le débat jeudi soir, il s'est départi de son ton habituellement policé en accusant Alexander Van der Bellen d'être un espion ou encore un communiste. Le candidat indépendant a de son côté montré une photo de son défunt père afin de dénoncer des rumeurs colportées par le FPÖ, selon lesquelles ce dernier était un nazi. Les deux se sont mutuellement accusés de mensonges, sans véritablement entrer dans un débat de fond. Vendredi, pour son dernier jour de campagne, Alexander Van der Bellen, 72 ans, s'est rendu dans le quartier Favoriten de Vienne, connu pour son métissage, suivi d'une fanfare bavaroise. "Il s'agit de la direction que notre patrie, l'Autriche, est censée prendre", a lancé l'ancien dirigeant écologiste, qui se revendique en "président du milieu". "Voulons-nous que l'Autriche reste un membre important de cette Europe?", a-t-il demandé à la foule, qui a répondu: "Oui". Le président en Autriche, pays de près de neuf millions d'habitants, joue traditionnellement un rôle protocolaire mais il dispose de certains pouvoirs, comme celui de nommer le chancelier, de révoquer le gouvernement et il est le chef des armées. (Francois Murphy, Shadia Nasralla; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)