Le film « Enquête sur un scandale d’État » avec Pio Marmaï éclaire sur l’affaire entourant l’ex-patron des stups

Pio Marmaï, ici aux côtés d’Antonia Buresi et Alexis Manenti dans « Enquête sur un scandale d’État ».
Copyright Les Films Velvet Pio Marmaï, ici aux côtés d’Antonia Buresi et Alexis Manenti dans « Enquête sur un scandale d’État ».

CINÉMA - L’ex-patron des stups devant la justice. Depuis ce lundi 23 septembre, l’ancien chef de la lutte antidrogue François Thierry est jugé par la cour criminelle du Rhône, à Lyon, où vient de s’ouvrir son procès pour avoir organisé une garde à vue fictive afin de sortir de prison un ancien baron de la drogue espagnol.

Jugé pour « faux en écriture par personne dépositaire de l’autorité publique » et « destruction » de preuves, l’ex super-flic de 56 ans encourt 15 ans de réclusion.

Cette histoire retentissante, qui a conduit au démantèlement de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants dont François Thierry fut le patron de 2010 à 2016, a fait l’objet d’un livre, L’Infiltré, puis d’un film, Enquête sur un scandale d’État, du réalisateur corse Thierry de Peretti.

Sorti en 2022 (et disponible actuellement à la location sur plusieurs plateformes de VOD, comme Apple TV + et Prime Video), Enquête sur un scandale d’État explore l’amitié entre un ex-flic du nom d’Hubert Antoine (Roschdy Zem) et une version fictive du journaliste de Libération à l’origine du livre, un certain Stéphane Vilner (Pio Marmaï) dans le film.

Découvrez ci-dessous la bande-annonce :

Hubert Avoine a vraiment existé. Décédé d’un cancer en 2018, l’ancien informateur infiltré accusait l’Office français des stups et son patron d’avoir favorisé l’importation de drogues sur le territoire français. À Emmanuel Fansten, auteur de L’Infiltré, il a raconté que la police s’était attaché les services d’un trafiquant, Sofiane Hambli, pour faire passer des dizaines de tonnes de drogues entre la France et l’Espagne.

Pendant 96 heures, cet « indic » géré en direct par François Thierry a été logé dans un hôtel, où il a passé de nombreux appels sur une livraison de drogues venant du Maroc, qu’il a signalée au commissaire. Le but officiel était de laisser entrer et suivre la marchandise et démanteler les réseaux de revente en France. Une « livraison surveillée » dans le jargon policier.

Quand la résine de cannabis est arrivée de nuit en zodiac sur une plage d’Espagne, les policiers espagnols l’ont réceptionnée, puis stockée dans un commissariat avant qu’elle ne soit livrée, en petits lots, à des trafiquants dans une villa d’Estepona, près de Marbella. Malgré les balises placées sous les voitures, seule 1,9 tonne (sur 6) a finalement été interceptée.

Le regard d’Emmanuel Fansten

« On est forcément déstabilisé quand une source vient vous livrer des informations aussi énormes, nous a raconté le journaliste Emmanuel Fansten lors de la sortie du film inspiré de son livre, en 2022. On se pose la question immédiatement : “Est-ce que ce type n’est pas en train de m’enfumer ? Est-ce que ce type n’est pas un mythomane ?”»

Son enquête a démarré lors de sa rencontre avec Hubert Avoine, quelques mois après une saisie record le 17 octobre 2015, date à laquelle des douaniers ont découvert sept autres tonnes de cannabis boulevard Exelmans à Paris, au pied d’un immeuble où vivait Sofiane Hambli, alors en liberté. Une saisie exceptionnelle, saluée à l’époque par le président François Hollande.

Au fil de l’enquête, Emmanuel Fansten et Hubert Avoine ont noué des liens forts. Le journaliste nous a dit avoir été conscient que cette proximité aurait pu être un frein à son travail d’enquête. « Il est très clair que c’était beaucoup plus qu’une simple relation professionnelle. Mais il y avait toujours la volonté de garder une bonne distance avec ce qu’il racontait. »

Pio Marmaï tiraillé

Un tiraillement partagé par Pio Marmaï, qui a passé plusieurs mois dans la peau d’Emmanuel Fansten pour incarner Stéphane Vilner. « Il y a ce truc d’amour, de haine, de tension, nous expliquait-il également en 2022. Il y a quelque chose de l’ordre fraternel. À un moment, on est dépassé par ce que l’on fabrique. »

Cette fiction réaliste peut en tout cas éclairer sur l’affaire dans laquelle se trouve actuellement François Thierry. Si le commissaire reconnaît les faits, il réfute cependant toute infraction. Pour lui, la mesure a été prise en concertation avec le parquet de Paris. Là où l’accusation lui reproche d’avoir adopté une stratégie de « cloisonnement » et d’avoir livré des « informations parcellaires » aux magistrats.

Son procès est le premier volet d’une tentaculaire affaire portant sur les méthodes de l’Ocrtis, l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants remplacé depuis par l’Ofast (Office antistupéfiants).

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