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Fillon et Bertrand visés dans le dossier de l'amiante

PARIS (Reuters) - La CGT de l'Essonne va porter plainte contre les anciens ministres François Fillon et Xavier Bertrand pour mise en danger d'autrui dans le scandale sanitaire de l'amiante, a-t-on appris vendredi auprès des avocats du syndicat. Deux plaintes seront déposées au début de l'année, l'une au pénal et l'autre devant la cour de justice de la République, ont précisé à Reuters Mes Sofiane Hakiki et Eddy Arneton, confirmant une information du Canard enchaîné paru mercredi. Ces démarches interviennent à un moment où la justice semble vouloir avancer dans les multiples dossiers de l'amiante, notamment celui dans lequel la maire de Lille, Martine Aubry, ainsi que plusieurs industriels et fonctionnaires restent mis en examen. Deux juges d'instruction parisiens enquêtent en outre depuis le mois d'octobre sur la contamination de plusieurs étages de la Tour Montparnasse à Paris, où travaillent 5.000 salariés. La CGT reproche à l'ex-Premier ministre François Fillon et à l'ancien ministre du Travail Xavier Bertrand d'avoir signé le 4 mai 2012, entre les deux tours de l'élection présidentielle, un décret concernant les limites d'exposition applicables aux travailleurs de l'amiante. Depuis 2009, les autorités sanitaires demandent que cette valeur limite, aujourd'hui fixée à 100 fibres par litre d'air, soit divisée par dix pour s'ajuster à la norme appliquée aux particuliers. Or, selon le décret contesté par la CGT, les nouvelles normes n'entreront en vigueur qu'en juillet 2015, officiellement parce qu'une étude sur l'exposition des professionnels ne sera achevée qu'à cette date. Pour le syndicat, ce retard représente une probabilité de décès supplémentaires dus au cancer. "Il est complètement incohérent de justifier ce retard par des motifs techniques alors que ce sont en réalité des considérations financières qui motivent réellement cette période de trois ans", estiment Sofiane Hakiki et Eddy Arneton. "Cette période transitoire a été mise en place pour renégocier les contrats avec les maîtres d'ouvrage", du désamiantage, ont-ils ajouté. Le Canard enchaîné fait en outre état d'une note du 2 janvier 2012 de la Direction générale du travail qui interdit aux inspecteurs du travail de contrôler des chantiers présentant un taux d'empoussièrement à l'amiante supérieur à 25.000 fibres par litre d'air. Or, ces sites ultra-toxiques ne sont pas pour autant interdits et continuent d'employer des ouvriers insuffisamment protégés, ajoute l'hebdomadaire satirique. Gérard Bon, édité par Gilles Trequesser