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"La ficelle est énorme": la primaire à gauche d'Anne Hidalgo se heurte à un mur

La candidate socialiste à la présidentielle, Anne Hidalgo, le 6 novembre 2021 en Corrèze, dans le centre de la France - PASCAL LACHENAUD © 2019 AFP
La candidate socialiste à la présidentielle, Anne Hidalgo, le 6 novembre 2021 en Corrèze, dans le centre de la France - PASCAL LACHENAUD © 2019 AFP

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À peine formulée, la proposition inattendue d'Anne Hidalgo déjà enterrée? Invitée surprise du journal télévisé de TF1 mercredi soir, la maire de Paris et candidate du Parti socialiste (PS) à la présidentielle a plaidé pour l'organisation d'une primaire à gauche. À la peine dans les sondages, l'édile de la capitale n'était créditée, selon notre dernier sondage Elabe Opinion 2022, que de 3% d'intentions de vote au premier tour du scrutin d'avril prochain.

Éclatée en pas moins de sept candidatures, la gauche ne récolte à ce stade que 24% d'intentions de votes cumulées, d'après cette même enquête d'opinion. Un score qui, s'il se confirmait dans les urnes, serait le plus faible jamais récolté par cette partie de l'échiquier politique sous la Ve République.

Changement de pied

Mercredi soir, la proposition d'Anne Hidalgo a suscité la surprise, quelques heures après l'appel d'Arnaud Montebourg à "l'unification des forces (de gauche) autour d'un candidat commun". Sur France 2 le matin-même, la candidate déclarait qu'"aujourd'hui, une union qui serait perçue comme artificielle parce qu'il y a des candidats qui depuis très longtemps sont déclarés ne fonctionnerait pas". Changement de cap quelques heures plus tard.

"Soit Anne Hidalgo est une girouette, soit elle se moque du monde", juge Mathieu Croissandeau, éditorialiste politique à BFMTV.

Car la maire de Paris s'est fermement opposée à une primaire tout au long de cette pré-campagne. En mai dernier, auprès du Journal du dimanche, celle qui n'était alors pas encore candidate avait déjà fait savoir qu'elle n'était "pas favorable" à ce principe. Une déclaration qui faisait suite à l'initiative de Yannick Jadot au printemps dernier, qui exhortait toutes les personnalités de gauche à s'attabler ensemble pour se mettre d'accord. Réunion qui avait eu lieu au moins d'avril et produit une photo des différentes chapelles rassemblées, mais le rendez-vous n'était guère allé plus loin.

Compte-tenu des positions passées d'Anne Hidalgo, son voeu formulé mercredi a de quoi surprendre. En novembre, elle avait, à l'instar de Yannick Jadot, refusé de participer à la primaire populaire appelée par 242.000 citoyens.

Des refus déjà exprimés

D'ores et déjà, les entourages de Jean-Luc Mélenchon, en tête des intentions de vote à gauche, de Yannick Jadot et du communiste Fabien Roussel ont fait savoir qu'ils refusaient de se soumettre à un tel vote.

Intention confirmée en personne par le candidat écologiste ce jeudi matin sur Europe 1. "Non, je ne participerai pas à une primaire la gauche", a-t-il opposé. Même son de cloche chez Fabien Roussel, qui a également fermé la porte à cette idée ce jeudi matin sur BFMTV. "Ce n'est pas la solution", a-t-il étayé peu après sur notre antenne.

"Ça ne rime à rien", a souscrit ce jeudi Philippe Poutou sur BFMTV. "On ne s'est pas senti concernés par l'appel", a réagi le candidat du NPA. 876450610001_6285939596001 "Personne n'a saisi la main tendue parce que la ficelle est énorme et qu'ils n'y ont aucun intérêt", estime Mathieu Croissandeau ce jeudi.

"Fabien Roussel a résisté à la pression de Jean-Luc Mélenchon, c'est quand-même pas pour céder à la maire de Paris qui le dépasse à peine dans les sondages. Yannick Jadot a déjà fait une primaire, et il devrait s'en infliger une autre pour les beaux yeux de la candidate PS?", poursuit l'éditorialiste.

Reste une question: s'agit-il du chant du cygne pour la candidature d'Anne Hidalgo, pour se ranger derrière une autre personnalité face à une campagne qui peine à imprimer? Sur France Inter ce jeudi matin, le Premier secrétaire du PS Olivier Faure a assuré que cet appel n'était "pas un SOS" mais constituait "une prise de conscience collective nécessaire". Sur TF1 mercredi, la candidate avait indiqué qu'en cas de refus de ses concurrents dans la course à l'Élysée, elle maintiendrait sa candidature.

Article original publié sur BFMTV.com