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Fiat Chrysler chute lourdement après ses prévisions 2019

par Agnieszka Flak

MILAN (Reuters) - Fiat Chrysler Automobiles a fait état jeudi d'une prévision pour 2019 inférieure aux attentes concernant son bénéfice d'exploitation et son flux de trésorerie disponible tiré de l'activité, des annonces qui suscitent des doutes sur les objectifs à long terme du constructeur italo-américain et font dévisser son titre en Bourse.

A Milan, l'action FCA plongeait de 11,85% à 13,43 euros à 15h05 GMT et le titre coté à New York chutait de 12,04% à 15,26 dollars. L'action de Ferrari, filiale du groupe, abandonnait 2,18% au même moment à Wall Street.

Dans son sillage, General Motors perdait 2,34%, Ford 2,98%, Tesla 1,72%.

Le septième constructeur automobile mondial a dit anticiper pour cette année un résultat d'exploitation (Ebit) ajusté de plus de 6,7 milliards d'euros, hors l'équipementier Magneti Marelli dont la cession annoncée en octobre devrait être finalisée au deuxième trimestre.

Cette prévision est nettement inférieure au consensus des analystes qui prévoyaient en moyenne 7,3 milliards d'euros et suggère une faible amélioration de la performance du constructeur sur l'année écoulée, l'Ebit 2018 étant ressorti à 6,7 milliards d'euros à périmètre comparable.

Fiat Chrysler prévoit un flux de trésorerie disponible tiré de l'activité de plus de 1,5 milliard d'euros, contre 4,4 milliards enregistrés à la fin de l'an dernier. Le groupe impute ce recul à une hausse des dépenses d'investissement, un règlement d'amendes et autres coûts liés à des litiges relatifs au diesel aux Etats-Unis.

La prévision 2019 de Fiat suscite des interrogations sur les objectifs de 2020 présentés en juin dernier lorsque l'ancien administrateur délégué Sergio Marchionne, décédé depuis, s'était engagé à réaliser un Ebit ajusté de 9,2 à 10,4 milliards d'euros.

Les résultats 2018 du groupe sont cependant globalement conformes aux attentes des analystes. L'Amérique du Nord a de nouveau représenté l'essentiel des bénéfices de Fiat Chrysler avec une part de 85,5% et une amélioration de la marge à 8,6%, contre 7,9% un an plus tôt.

FCA a restructuré certaines usines aux Etats-Unis pour accroître la production de SUV et de pickups, deux segments à forte marge, tout en mettant fin à la production de berlines non rentables, ce qui lui a permis de compenser la faiblesse enregistrée en Asie, en Europe et par sa marque de luxe Maserati.

FORTE DÉPENDANCE À UNE SEULE RÉGION

La dépendance excessive du groupe à l'égard d'une seule région inquiète cependant les analystes, en particulier au vu de la concurrence sur les SUV et les pickups et du début du ralentissement du marché automobile aux Etats-Unis.

"Le marché américain reste essentiel pour la croissance à court terme", a déclaré Arndt Ellinghorst, analyste chez Evercore ISI, ajoutant qu'il compte surveiller l'évolution des ventes de pickups et de véhicules utilitaires à forte marge dans la seconde moitié de 2019 et sur l'année 2020.

"La région APAC (Asie-Pacifique) et Maserati restent également un sujet de préoccupation", a-t-il ajouté.

En Europe, FCA a souffert de la baisse des ventes en volumes et de l'entrée en vigueur en septembre de nouvelles normes de pollution plus strictes (WLTP).

En Asie, c'est la faiblesse du marché chinois qui a pesé sur la performance de Fiat Chrysler, faisant reculer la marge de Maserati de 13,8% à 5,7% sur un an.

Sur le dernier trimestre 2018, le bénéfice net de Fiat Chrysler est ressorti à 1,29 milliard d'euros contre une prévision moyenne des analystes financiers interrogés par Reuters de 1,53 milliard.

(Avec Paul Lienert à Detroit; Claude Chendjou pour le service français, édité par Catherine Mallebay-Vacqueur)