Fièvre catarrhale ovine : cette maladie qui attaque les moutons explose en France, les éleveurs alertent les autorités

La propagation de la FCO, dite aussi « maladie de la langue bleue », touche désormais dix départements du nord de l’Hexagone.

ANIMAUX - Une maladie qui inquiète sérieusement les éleveurs de moutons, brebis, chèvres, boucs et bovins. En seulement 8 jours, le nombre de foyers de fièvre catarrhale ovine a plus que quadruplé en France, avec 190 cas confirmés, ce jeudi 22 août, dans le nord de l’Hexagone.

Une fièvre d’un nouveau type détecté dans un élevage de mouton du Nord, on vous explique

Dix départements du Nord sont désormais touchés : Aisne, Ardennes, Haute-Marne, Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle, Nord, Oise, Pas-de-Calais. Un précédent bilan du gouvernement faisait état de 41 foyers, le 14 août, dans six départements.

« On fait face à une explosion des cas, mais toujours à proximité des premiers foyers (...) dans une zone qui s’élargit peu », a précisé le ministère de l’Agriculture, dans un communiqué transmis, ce vendredi, à l’AFP.

Présente depuis 2006 en France, la FCO, dite aussi « maladie de la langue bleue », se transmet par de petits moucherons piqueurs. L’épizootie - épidémie qui frappe les animaux - se manifeste par de la fièvre, des troubles respiratoires, une langue pendante ou encore la perte des petits en gestation et parfois par la mort des animaux. Sa détection n’entraîne pas l’abattage des bêtes, contrairement à la grippe aviaire. Elle touche aussi les bovins, mais avec une mortalité très faible.

Si les éleveurs sont aussi inquiets par la propagation de cette fièvre qu’ils côtoient depuis plus de 15 ans, c’est à cause d’un nouveau sérotype de type 3, auquel les cheptels français n’ont jamais été confrontés et n’ont donc développé aucune résistance. Arrivé en 2023 sur le sol européen, des premiers cas liés à cette souche ont été recensés le 5 août dans les élevages français.

Depuis, les foyers de contamination se multiplient et les éleveurs réclament une campagne de vaccination de masse. Cette dernière a bien commencé le 12 août, mais selon la Fédération nationale ovine, c’était déjà trop tard. « On aurait pu vacciner un mois plus tôt pour avoir l’immunité acquise au pic de l’épidémie », a déclaré à ce sujet Emmanuel Fontaine, en charge des affaires sanitaires à la FNO.

Dans les Ardennes, l’éleveur Bruno Miser a dit sa colère à l’AFP : « On réclame des vaccins depuis le mois d’octobre ! ». Il vaccine depuis deux jours un troupeau déjà en partie malade et s’attend « à ramasser des cadavres à la pelle » dans les prochains jours.

« Maintenant, il faudrait élargir la zone de vaccination et commander environ 2 millions de doses supplémentaires » pour les ovins, estime Emmanuel Fontaine, alors que l’État a pour le moment prévu de distribuer 1,1 million de doses pour les ovins et 5,3 millions pour les bovins, en ciblant les régions les plus à risques, au nord de la Loire où les déplacements d’animaux sont soumis à restriction.

Le ministère de l’Agriculture reconnaît des « lenteurs » dans la première phase de déploiement des vaccins. Tout en affirmant être « à l’écoute de la détresse des éleveurs », le gouvernement ne s’engage pas à passer pour le moment de nouvelles commandes de vaccins.

Le sud de la France n’est pas non plus épargné par l’épizootie et est confronté à un sérotype 8, qui a causé la mort de milliers de bêtes dans des élevages ces dernières semaines. La vaccination contre la FCO 8 existe, mais n’est pas prise en charge par l’État.

Jeudi, des éleveurs se sont rassemblés à Foix, en Ariège, à l’appel de la Confédération paysanne, 3e syndicat agricole, pour réclamer des indemnisations après la mort estimée de 4 000 brebis en Occitanie depuis juin.

« Cette année, nous faisons face à un nouveau variant du sérotype 8, plus virulent et qui progresse. Avant, le moucheron culicoïde (l’insecte vecteur NDLR) n’évoluait pas au-delà de 800 mètres d’altitude, maintenant, on a des élevages touchés à 1 000 mètres », explique Emmanuel Fontaine.

« C’est pour cela que les éleveurs demandent une aide de l’État. Entre la FCO 8 qui remonte et la FCO 3 qui descend, les éleveurs du centre, où se concentrent les gros troupeaux, sont pris en étau », prévient-il, inquiet pour l’avenir du cheptel français, d’un peu moins de 6 millions de brebis.

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