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Feu vert provisoire au rachat d'EE par BT

La direction britannique de la concurrence a donné mercredi son feu vert provisoire à l'achat par BT de l'opérateur mobile EE, une opération de 12,5 milliards de livres (17,3 milliards d'euros) qui donnera naissance au numéro un local du haut débit et de la téléphonie fixe et mobile. /Photo prise le 26 novembre 2014/REUTERS/Suzanne Plunkett

par Paul Sandle

LONDRES (Reuters) - La direction britannique de la concurrence a donné mercredi son feu vert provisoire à l'achat par BT de l'opérateur mobile EE, une opération de 12,5 milliards de livres (17,3 milliards d'euros) qui donnera naissance au numéro un local du haut débit et de la téléphonie fixe et mobile.

BT a racheté EE à Orange et à Deutsche Telekom en février et la Competition and Markets Authority (CMA) juge que l'acquisition "ne débouchera sans doute pas sur un affaiblissement sensible de la concurrance dans quelque marché que ce soit au Royaume-Uni".

La transaction aboutira à regrouper les plus de 10 millions d'abonnés de BT avec les 24,5 millions d'abonnés mobiles d'EE.

"Nous estimons, en première analyse, que dans certaines régions, il est improbable qu'ils aient à la fois la capacité et l'intention (de porter atteinte à la concurrence) et que dans d'autres, les retombées d'une tentative en ce sens seraient limitées", observe la CMA, qui publiera son rapport définitif d'ici le 18 janvier 2016.

La décision de la CMA n'est pas du goût des concurrents, dont beaucoup dépendent des infrastructures de BT pour leurs propres services, redoutant de ce fait des abus de position dominante de ce dernier.

"Nous sommes déçus par la lecture de ces premières conclusions", a dit un porte-parole de Vodafone, ajoutant que l'entreprise estime que la fusion "aura un impact négatif sur le marché et les services disponibles pour des millions de particuliers et d'entreprises britanniques".

SOULAGEMENT DES INVESTISSEURS

Dans la mesure où le mariage BT-EE rapproche un fournisseur de haut débit et un opérateur mobile, il pose moins de problèmes de concurrence que l'alliance directe de deux opérateurs mobiles, qui réduirait le nombre d'acteurs et de réseaux du marché.

Cette décision, quoiqu'attendue, sera un soulagement pour les investisseurs et les professionnels qui redoutent que Bruxelles ne soit de plus en plus sourcilleux vis-à-vis des opérations de fusion dans les télécoms dans la mesure où les multiples OPA survenues dans ce secteur ces dernières années l'ont d'ores et déjà complètement remodelé.

Gavin Paterson, le directeur général de BT, juge que cette nouvelle alliance "serait bonne pour le Royaume-Uni, pourvoyeuse d'investissements et permettant aux ménages et aux entreprises de profiter des innovations d'un marché très concurrentiel".

BT, qui a finalisé l'opération en février, avait le choix entre EE et O2, filiale de l'espagnol Telefonica, pour accélérer son retour vers la téléphonie mobile qu'il avait abandonnée voici plus de 10 ans.

Après que BT a choisi EE, Hutchison, propriétaire de Three, le plus petit des opérateurs mobiles britanniques, a jeté son dévolu sur O2, avec pour conséquence de ramener le nombre d'intervenants de quatre à trois.

La Commission européenne s'est penchée sur cette dernière alliance et la commissaire Margrethe Vestager réclamera sans doute des concessions de taille pour faire en sorte que le consommateur tire réellement des avantages de la consolidation du marché.

L'Ofcom, l'autorité de tutelle des télécoms britanniques, a ouvert sa propre enquête approfondie et envisage d'obliger BT à scinder sa filiale réseaux Openreach.

BT gagnait 3% à 465,15 pence en Bourse de Londres à 11h35, après avoir inscrit un pic de trois mois de 473 pence en séance.

(Avec Leila Abboud à Paris, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Véronique Tison)