Publicité

Feu vert du Parlement turc à la révision constitutionnelle

Le Premier ministre turc Binali Yildirim fait un discours au Parlement turc après que celui-ci a approuvé samedi le projet de réforme constitutionnelle souhaité par le président Recep Tayyip Erdogan, ouvrant la voie à l'organisation d'un référendum populaire. /Photo prise le 21 janvier 2017/REUTERS

ANKARA (Reuters) - Le Parlement turc a approuvé samedi le projet de réforme constitutionnelle souhaité par le président Recep Tayyip Erdogan, ouvrant la voie à l'organisation d'un référendum populaire. Le texte a été adopté par 339 voix sur 550, neuf de plus que le seuil de la majorité qualifiée requise pour qu'il soit soumis au vote des citoyens turcs. Erdogan a appelé ses partisans à travailler "jour après jour" pour que le référendum à venir soit un succès. "Mon peuple donnera la décision finale. Je crois que cette période référendaire s'achèvera avec la volonté de notre peuple", a-t-il dit lors d'une réunion à Istanbul. Son ministre de la Justice, Bekir Bozdag, s'est félicité sur Twitter qu'une "nouvelle porte" se soit "entrouverte dans l'histoire turque et pour le peuple turc". "Avec le 'oui' de notre peuple, la porte sera complètement ouverte", ajoute-t-il. La réforme renforce largement les pouvoirs du chef de l'Etat en lui permettant de gouverner par décrets, de déclarer l'état d'urgence, de nommer les ministres et les hauts fonctionnaires et de dissoudre le parlement. Pour les élus de l'opposition, ces dispositions remettent en cause l'équilibre des pouvoirs au profit d'Erdogan qui peut briguer deux nouveaux mandats et en théorie diriger la Turquie jusqu'en 2029. Les partisans de la réforme soutiennent qu'elle est nécessaire pour empêcher le retour d'une instabilité institutionnelle provoquée par la fragilité des coalitions de gouvernement. Les opposants à Erdogan dénoncent la dérive autoritaire de sa présidence illustrée par les arrestations de dizaines de milliers de juges, militaires, policiers, journalistes, universitaires et fonctionnaires depuis le coup d'Etat manqué du 15 juillet dernier. Kemal Kilicdaroglu, chef de file du principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), a annoncé près le vote que sa formation lutterait contre la révision constitutionnelle. "C'est une trahison que le parlement a commis contre sa propre histoire. Notre peuple contrecarrera sans doute le jeu auquel s'est livré le Parlement", a-t-il dit. "Nous irons de porte en porte pour l'expliquer au peuple." (Gulsen Solaker et Tuvan Gumrukcu; Nicolas Delame et Henri-Pierre André pour le service français)