Festival de Toronto : les projections du documentaire « Russians at War » sur la guerre en Ukraine suspendues
CINÉMA - Après l’Italie, le Canada. Le célèbre Festival international du film de Toronto a été contraint de « mettre en pause » les projections du documentaire controversé Russians at War après avoir reçu des « menaces significatives » pour la sécurité du public et les opérations du festival.
Guerre en Ukraine : Diffusé à la Mostra de Venise, « Russians at War » déclenche un tollé
En faisant référence à des informations « indiquant une activité potentielle dans les prochains jours qui pose un risque significatif », les organisateurs du festival de cinéma indiquent qu’il s’agit d’une « décision sans précédent », mais affirment dans un communiqué qu’ils engagent « à le projeter dès que les risques seront totalement écartés ».
Effective immediately, TIFF is forced to pause all upcoming screenings of Russians at War. Read our official statement here: https://t.co/kiSt9pncIk
— TIFF (@TIFF_NET) September 12, 2024
Documentaire de deux heures de la cinéaste canado-russe Anastasia Trofimova, Russians at War (« Des Russes à la guerre ») avait déjà présenté à la Mostra de Venise. Ce film relate les mois passés par sa réalisatrice au contact d’un bataillon russe sur le front ukrainien, glanant des témoignages rares sur ce conflit.
Ce vendredi 13 septembre, il devait être présenté pour la première fois sur le continent nord-américain dans le cadre du festival de Toronto ou TIFF, où des projections étaient ensuite prévues samedi et dimanche. Toutefois, à Venise comme à Toronto, des personnalités politiques et culturelles ukrainiennes ont exprimé leur colère, dénonçant une « propagande russe » insoutenable après plus de deux ans de guerre.
« Dangereux outil de manipulation »
L’affaire est d’ailleurs remontée jusqu’aux sommets de l’État canadien, puisque la vice-Première ministre Chrystia Freeland avait déploré plus tôt cette semaine la projection du film, déclarant qu’« il ne pouvait pas y avoir d’équivalence morale dans cette guerre ».
L’Agence d’État ukrainienne pour le cinéma a également demandé au festival du film de Toronto de ne pas projeter le film qu’elle qualifie d’« outil dangereux de manipulation de l’opinion publique ». Pourtant, la réalisatrice du documentaire polémique a affirmé à l’AFP que son film était « un documentaire anti-guerre » et montrait des « gens ordinaires ».
D’après un journaliste de l’AFP ayant vu le film, ceux que l’on voit à l’écran semblent avoir perdu le sens de leur participation à ce conflit. Manquant d’équipement, ils bricolent eux-mêmes leurs armes, recourant à du matériel datant de l’ère soviétique. Enchaînant cigarettes et verres d’alcool, ils essayent de noyer leur désarroi face aux blessures ou à la mort de leurs camarades.
Le producteur Sean Farnel a déclaré sur X que la décision d’annuler les projections lui « brisait le cœur ».
Statement from the producers of RUSSIANS OF WAR. https://t.co/01OLYZj10J pic.twitter.com/By0sbDdDzN
— Sean Farnel (@seafar) September 12, 2024
Il a notamment reproché aux critiques de hauts responsables d’avoir « incité la haine violente qui a mené à la décision douloureuse de mettre en pause la présentation de ’Russians at War’. »
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