Festival d’Avignon : le focus «Afrique» est-il réactionnaire ?

Depuis le dévoilement de la 71e édition, des voix s’élèvent pour dénoncer une présumée «domination post-coloniale» de la direction, qui n’a invité aucun artiste africain étiqueté «théâtre». Débat idéologique ou vieille querelle esthétique ?

L’équipe du Festival d’Avignon méprise-t-elle l’Afrique et ses récits ? Ou la programmation de son «focus Afrique», dans le cadre de la 71e édition du Festival témoigne-t-elle d’une forme de paresse intellectuelle et de condescendance postcoloniale ? Les questions fleurissent depuis le dévoilement, mercredi dernier, du contenu de ce temps fort consacré aux artistes de l’Afrique subsaharienne. Le directeur du Festival, Olivier Py, a eu beau graisser les gonds des portes ouvertes dans son édito, à base de «théâtre-émancipateur-partageur-de-sensible-et-d’altérité» (on résume), une polémique a tout de même émergé. En cause : parmi les neuf spectacles annoncés dans le focus, quatre sont classés dans la catégorie «danse», deux dans celle de l’«indiscipline», trois dans celle de la «musique» (avec les précautions suivantes pour deux d’entre eux : «récit-musique» et «littérature-musique»). Mais aucun dans la catégorie «théâtre». Pas de metteur en scène africain certifié «théâtre de texte», quand le reste de la programmation compte une tripotée de grands écrits classiques ou contemporains (dont ceux de Jonathan Littell et d’Elfriede Jelinek).

Une absence que condamnait sur son blog le philosophe et dramaturge français Jean-Louis Sagot-Duvauroux, qui salue les chorégraphes et musiciens invités au Festival d’Avignon, tout en estimant que «ces quelques pépites ne rendent pas compte du bouillonnement qu’on voit en Afrique aujourd’hui», écrit-il, avant de déplorer le registre dans lequel l’Occident cantonnerait les programmations «Afrique» : «Le théâtre est inexplicablement absent de cette programmation, le théâtre d’autodérision notamment, si important dans le relèvement de ce continent humilié […]. Comme s’il était admis de pleurer sur les (...)

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