Le festival de bourges

Malaise . Michael Haneke et son disciple grec Yórgos Lánthimos ont présenté des films roublards en forme de jeu de massacre d’une classe dont ils reproduisent tous les signes et les affects.

Loin de nous l’idée qu’il y ait encore enjeu à questionner le bien-fondé de mettre en concurrence des films, mais à ce degré de jeu de coudes des prétendants à la palme, faisant pleuvoir les coups indifféremment sur personnages et spectateurs afin d’imposer son autorité, ce n’est plus une compétition chevaleresque qui se déroule sur les écrans du Palais, mais bien un tabassage en règle. Si le narcissisme bourgeois consiste à aimer se faire démonter la gueule pour parvenir à se regarder en face, on peut supposer que la notabilité cannoise, arrosée par la mairie d’invitations pour acheter son silence, se trouve servie jusqu’à l’extase.

La course à la palme vient encore de nous faire traverser vingt-quatre heures de plongée sans scaphandre en des tréfonds de déliquescence physique, intellectuelle et morale d’une classe dont il n’y aurait décidément plus rien à sauver - et surtout pas les enfants. N’en déplaise aux oracles d’un art mourant, ce n’est pas tant le cinéma qui agonise que le corps de ses spectateurs privilégiés, modélisé à l’écran en miniatures sadiques livrées avec ou sans combis par des super-auteurs assoiffés d’or, qu’exalte la quête d’efficience d’une furie dépréciative versant tout et tous à l’égout. A la suite de ceux de Zviaguintsev, Östlund et, en un sens, Hazanavicius, les films de l’Autrichien aux deux palmes Michael Haneke (Happy End) et du Grec Yórgos Lánthimos (Mise à mort du cerf sacré) se sont joints à la horde très compacte des dignitaires de la misanthropie premium, affairés à mimer l’ennemi désigné pour mieux s’offrir son scalp. Tant chez les notables de Happy End que dans la famille faussement idéale de Mise à mort…, personne ici n’a ses raisons, rien que des déviances, en des films dont les dispositifs confinent au théâtre de l’abjection en grande (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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