Je milite donc je deviens lesbienne : "Il y a moins de sexe dans ma vie mais je ne m’en plains pas"

"Je milite donc je deviens lesbienne" : "Il y a moins de sexe dans ma vie mais je ne m’en plains pas" <p>Crédit : Getty</p>
"Je milite donc je deviens lesbienne" : "Il y a moins de sexe dans ma vie mais je ne m’en plains pas"

Crédit : Getty

Dans les années 70, le lesbianisme politique est un courant de pensée issu du féminisme radical. Il se définit par un refus de partager des relations avec des hommes dans l’optique de combattre le patriarcat. Pour certaines femmes aujourd’hui, il est question de sortir de schémas toxiques et de se donner l’opportunité de vivre des histoires d’amour équilibrées. C’est ces histoires que nous allons raconter.

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Irene a 37 ans et elle a été en couple toute sa vie d’adulte jusqu’à ses 35 ans : "Je ne me rappelle pas d’avoir eu un moment de célibat. À chaque rupture, il y avait un homme qui suivait. Soit parce qu’il était la raison de la rupture soit parce que je n’arrivais pas à ne pas installer Tinder le soir-même de la séparation. Je pense que j’avais peur d’être seule. Pourtant, je n’étais pas heureuse. Je n’ai pas toujours été amoureuse des gens avec qui j’étais et j’ai été souvent maltraitée dans mes relations. Pas physiquement mais psychologiquement. Je n’étais pas soutenue ou je me tapais une énorme charge mentale en plus. Certains m’ont collé des complexes que je traine encore maintenant en me faisant des réflexions sur mon physique ou ma façon de vivre. Après le confinement, je ne voulais plus entendre parler des hommes. Je me suis dit que si on devait finir par vivre nos vies comme ça, à la maison tout le temps, je ne supporterais pas d’être enfermée avec un autre homme. J’ai quitté celui avec qui j’étais et je me suis donné le temps d’être seule."

Le choix du célibat

Pendant un an, Irene reste célibataire : "Ça fait bizarre parce que je n’avais pas l’habitude. C’est étrange de ne pas être en recherche, de ne pas essayer de combler un vide. De ne pas ressentir de vide en fait. J’ai fait des trucs pour moi, j’ai vu mes amies, j’ai été au restaurant seule, je me suis réinvestie dans la déco de mon appart. C’était la belle vie. Et puis j’ai recommencé à me sentir seule, ou en tout cas à vouloir partager les choses bien qui m’arrivaient. C’était un sentiment sain et ça ne m’a pas fait peur."

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Irene est sûre d’une chose : elle ne veut plus d’un homme dans sa vie : "J’ai assez pratiqué les hommes pour savoir que même les meilleurs d’entre eux ont des défauts épuisants. Je n’avais pas envie de devenir la psy de quelqu’un, de devoir gérer une deuxième vie en plus de la mienne. Ça s’est imposé naturellement : je devais me mettre en couple avec une femme. Ou en tout cas, essayer. Il y a eu beaucoup de stress parce que je ne savais pas quoi faire, quels étaient les codes et même où aller. Mais maintenant avec les applications de rencontres c’est un peu simplifié. J’ai juste mis sur Tinder que je cherchais une femme et j’ai la chance d’habiter une grande ville donc il y avait du choix."

Les premières semaines, Irene, ne fait que discuter : "J’avais besoin de me mettre en confiance. J’ai pas mal échangé avec deux femmes en particulier, qui me plaisaient beaucoup. J’ai été honnête avec elles et je leur ai dit que je n’avais jamais rien fait avec des femmes. Au départ, certaines autres femmes ont décidé qu’elles n’avaient pas envie d’être celles qui feraient mon apprentissage, ce que je comprends complètement mais les deux qui sont restées n’avaient pas de problème avec ça. Au final, après des semaines de conversation, il y a un coup de coeur qui est ressorti plus que l’autre. J’ai enfin eu mon premier rendez-vous."

Étonnée de ne pas "être nulle" au lit

Irene est sous le charme : "C’était beaucoup plus simple que ce que je croyais. En fait on ressentait les choses de la même façon et on était capable de les exprimer aussi. Il y a eu un petit ajustement mais en fait mon stress est très vite parti. On a commencé à se voir plusieurs fois par semaine et environ un mois après le premier rendez-vous, je suis restée dormir chez elle. Au niveau du sexe, je n’ai pas été déçue du tout. Même très étonnée de ne pas être aussi nulle que ce que j’aurais cru."

Les deux femmes décident cependant de ne pas s’engager dans une histoire traditionnelle : "On se voit quand on en a envie, on dort parfois chez l’un ou chez l’autre mais jamais plus d’une fois par semaine. Bien sûr, qu’il y a moins de sexe dans ma vie qu’avant mais je ne me plains pas. Et je veux garder ma liberté et elle aussi. Ça ne nous empêche pas de partager ce qui est important ensemble ou d’aller ensemble à des événements importants. Elle est récemment venue avec moi au mariage de mon frère. Je me considère en couple avec elle mais pas de la même manière que je serais en couple avec un homme. On garde nos appartements, nos amis, nos habitudes. Il y a bien des choses qui se mélangent mais on ne se presse pas et on ne cherche pas à tout partager à tout prix. J’aime la femme qu’elle est aujourd’hui et son indépendance. Je crois qu’elle aime aussi ça chez moi. J’ai l’impression de vivre le meilleur moment de ma vie, où je sais ce que je veux et où je suis enfin bien entourée. C’est reposant, serein et vraiment doux."

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