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Féminicides : la France pas parmi les bons élèves de l’Union Européenne

Entre 123 et 150 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en France en 2019.
Entre 123 et 150 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en France en 2019.

Même si le gouvernement a placé comme priorité la lutte contre les violences faites aux femmes, le nombre de féminicides par un conjoint ou ex-conjoint est toujours élevé. La France n’est d’ailleurs pas parmi les bons élèves de l’Europe.

Alors que la France, comme le reste du monde, célèbre ce 8 mars la journée internationale des droits des femmes, le nombre de femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint continue sa progression.

Le sujet des violences conjugales avait pourtant été présenté comme faisant partie “des priorités des mois et des années qui viennent” dès 2018, selon la ministre de la Santé de l’époque, Agnès Buzyn. Et la Fédération nationale solidarité femmes s’était même vue attribuer le label Grande cause nationale. L’année suivante a été marquée par la tenue du Grenelle contre les violences conjugales, qui s’est ouvert le 3 septembre 2019 et s’est clôt le 25 novembre.

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Après presque trois mois de discussion, un plan a été dévoilé par le gouvernement. Il implique notamment que la plateforme téléphonique d’écoute dédiée aux victimes soit ouverte en continue, la mise en place de grilles d'évaluation pour les policiers, mais aussi des changements juridiques…

Déjà 17 féminicides en 2020

Pour l’instant, depuis le début de l’année 2020, 16 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon, d’après le recensement du collectif “Féminicides par compagnons ou ex”. Pour faire le décompte, ses membres s’appuient sur les informations disponible dans la presse régionale et sur internet.

Les chiffres officiels du ministère de l’Intérieur pour 2019 n’ont pas encore été fournis, mais selon l’AFP, 123 femmes ont été tuées par un compagnon ou ex-compagnon. Le collectif en a dénombré 150, soit une tous les deux jours et demi.

Selon la loi du 3 août 2018, le calcul des féminicides dans le cadre conjugale s’est étendu aux couples qui ne vivaient pas ensemble. Avant, les deux cas de figures étaient comptés séparément.

Selon des chiffres fournis par le ministère de l’Intérieur, 121 femmes ont été tuées à la suite de violences conjugales en 2018. En 2017, 109 femmes ont été tuées par le conjoint “officiel”, et 21 “non officiel” - c’est-à-dire avec qui elles ne vivaient pas - soit 130 en tout. En 2016, le nombre de féminicides dans les couples s’élevait à 109, auxquels s’ajoutent 14 dans les couples “non officiels”, soit 123. Le nombre de féminicides était de 122 en 2015 (115 dans des couples vivant ensemble, 7 chez ceux ayant des adresses différentes).

La France à la traîne par rapport à ses voisins

Le fléau des féminicides conjugaux ne touche pas uniquement la France, mais le pays ne fait pas partie des bons élèves de l’Union Européenne. Selon les derniers chiffres disponibles sur le site Eurostat, seule l’Allemagne comptabilisait plus de féminicides que la France en 2017, avec 189 chez nos voisins et 123 chez nous. Cette année-là, 83 femmes ont été tuées par un conjoint ou ex-conjoint en Roumanie, 65 en Italie, 54 en Espagne.

Des chiffres à mettre en perspective par rapport au nombre d’habitants. Toujours en 2017, le nombre de féminicides par un partenaire ou un ex par million d’habitants s’élevait à 4,3 en Roumanie. Un pays suivi de près par la Hongrie, avec 4,2, puis la Finlande avec un taux de 3,6. Par comparaison, la France comptait 1,8 féminicide par million d’habitants cette même année, l’Espagne 1,2 et l’Italie 1,1.

Le nombre de féminicides commis par un conjoint ou un ex-conjoint, par million d'habitants, dans les pays de l'Union Européenne.
Le nombre de féminicides commis par un conjoint ou un ex-conjoint, par million d'habitants, dans les pays de l'Union Européenne.

À l’échelle mondiale, l’Europe accumulait 3000 féminicides conjugaux en 2017, selon l’ONU. Plus que l’Océaenie (300), mais bien loin des 8000 d’Amérique, des 19 000 d’Afrique et des 20 000 d’Asie. Mais, là encore, ces chiffres sont à relativiser selon la densité de population. Le problème est en tout cas mondial.

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