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Le FBI a espionné Aretha Franklin pendant 40 ans

En 1967, Aretha Franklin sortait Take a Look. Dans le morceau éponyme de ce 11e album, la chanteuse américaine invitait la “race humaine” à se “regarder dans le miroir” pour constater la vanité de ses déchirements fratricides. Mais ce n’est pas exactement ainsi que le FBI a interprété le titre. Cette même année, l’agence de renseignement intérieur commença à jeter un œil indiscret dans la vie de la reine de la soul, cherchant à tout prix à la catégoriser comme une semeuse de troubles, à rebours de ses textes pacifiques.

Au lendemain de sa mort, en 2018, une demande de déclassification du dossier Franklin a été adressée au FBI. Le magazine Rolling Stone vient de mettre la main sur ces 270 pages. “De 1967 à 2007, le FBI a méthodiquement collecté de l’information sur Aretha Franklin en utilisant de faux appels téléphoniques, de la surveillance, de l’infiltration, des sources haut placées”, dévoile le magazine musical américain.

Rien à cacher

“Je ne suis pas sûr que ma mère savait qu’elle était ciblée et suivie par le FBI, confie son fils, Kecalf Franklin, à Rolling Stone. Mais je sais qu’elle n’avait absolument rien à cacher.” Née en 1942 à Memphis, dans le Tennessee, Aretha Franklin a d’abord chanté dans le chœur de gospel de son père, Clarence L. Franklin, qui était un militant des droits civiques. Engagée comme lui en faveur de l’égalité, la jeune femme s’est retrouvée dans le radar du FBI en approchant des figures comme Martin Luther King et Angela Davis.

Selon Rolling Stone, son dossier égraine des termes révélant les préjugés de l’agence, comme “extrémistes noirs”, “procommunistes”, “haine de l’Amérique”, “radicale”, “violences raciales” ou “militante du Black Power”. Seulement le FBI a échoué à démontrer son implication dans des mouvements jugés radicaux par ce dernier, tels que l’Armée noire de libération. Il apparaît surtout qu’Aretha Franklin et sa famille ont été menacées à plusieurs reprises.

Guidée par une inquiétude qui confinait à la paranoïa dès qu’il s’agissait du mouvement des droits civiques, l’agence s’est intéressée à des artistes comme Marvin Gaye, Jimi Hendrix, Miriam Makeba. Un dossier a aussi été monté sur Robin Gibb, Whitney Houston et The Notorious B.I.G. S’agissant d’Aretha Franklin, “ils n’auraient rien pu trouver, ils perdaient leur temps”, juge son fils.

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