Faute de fonds, l'armée indienne privée de nouveaux Rafale

par Sanjeev Miglani et Tommy Wilkes NEW DELHI (Reuters) - Le gouvernement indien, fidèle à sa politique "made in India", a opposé une fin de non recevoir à la demande de son armée qui voulait commander des Rafale supplémentaires à l'avionneur français Dassault Aviation. L'armée de l'air, l'Indian Air Force (IAF), voulait que le gouvernement donne son feu vert pour l'achat de 44 Rafale supplémentaires en plus des 36 annoncés durant une visite à Paris cette année. Mais le ministre de la Défense Manohar Parrikar a dit à l'armée qu'il n'y avait pas les fonds suffisants pour poursuivre l'achat des Rafale et quelle devrait se contenter d'une version améliorée de l'avion de combat maison (LCA), le Tejas-Mark 1A, indique un responsable du ministère. "L'IAF doit avoir un nombre minimum d'appareils à tout moment. Le LCA est notre meilleur choix à ce stade, compte tenu de nos contraintes budgétaires", a dit ce responsable. "Le Rafale est notre acquisition la plus chère. Le LCA est la moins chère dans la catégorie combat", a-t-il ajouté. Depuis son arrivée au pouvoir l'an dernier, le Premier ministre indien Narendra Modi a répété à l'envi que son but premier était de réduire la dépendance de l'armée aux armements étrangers et qui a fait du pays le premier importateur en la matière. Selon un rapport du mois d'avril de la commission de la Défense du Parlement indien, l'armée de l'air indienne a besoin d'escadrons de 45 chasseurs. Mais elle a des escadrons de 35 appareils seulement. Avec le retrait en cours des Mig 21 de l'époque soviétique, l'IAF devrait voir sa puissance aérienne diminuer d'ici 2022, compte tenu du rythme actuel d'acquisitions. Le LCA indien, qui a reçu l'aval du gouvernement en 1983, devait être l'épine dorsale de l'armée de l'air. Il devait entrer en service en 1994. Mais il a pris beaucoup de retard, ses concepteurs tentant de l'inventer de toutes pièces. Ils ont fini par confier la fabrication du moteur à GE Aviation. Pour l'instant, un seul avion a été produit et même celui-ci attend le feu vert définitif, qui devrait intervenir début 2016. Entre temps, le Pakistan s'est tourné vers la Chine pour tenter de rattraper son retard face à l'IAF. Les deux pays produisent ensemble le chasseur JF-17 Thunder. L'armée de l'air pakistanaise espère en avoir 250. (Avec Cyril Altmeyer à Paris; Danielle Rouquié pour le service français)