Il faut parler de la santé mentale des sportifs, rappelle Camille Lacourt dans le documentaire « Strong »

Avec d’autres sportifs de haut niveau, Camille Lacourt s’ouvre sur sa santé mentale et parle de son parcours dans « STRoNG », un documentaire sur Prime Video. Le HuffPost a rencontré l’ex-nageur qui nous a parlé de son burn-out.

SANTÉ MENTALE - « On oublie ce côté plaisir et ça devient un métier, c’est peut-être là que ça devient dangereux. Il ne faut pas oublier que le sport c’est un hobby », déclare Camille Lacourt au HuffPost. Lui, Jérémy Florès, Perrine Laffont, Valentin Porte et Ysaora Thibus ont tous accepté de parler de leur santé mentale dans « STRoNG, aussi forts que fragile », un documentaire disponible sur Prime Video à partir de ce mardi 10 octobre, qui est aussi la journée mondiale de la santé mentale.

Ces cinq champions ont tous eu à surmonter un burn-out et/ou une dépression au cours de leur carrière. Sous la forme de témoignages croisés dans le documentaire, ils reviennent sur leur ascension, leurs problèmes de santé mentale et leur reconstruction.

Le HuffPost a rencontré Camille Lacourt, quintuple champion du monde et d’Europe de natation qui a fait un burn-out après sa défaite aux Jeux Olympiques de Londres en 2012. L’ex-nageur, qui a pris sa retraite en 2017, revient sur son expérience.

Échec et fin de carrière

En 2012, lors des Jeux Olympiques à Londres, l’athlète manque d’une place la médaille olympique. C’est le début de ce qu’il décrit aujourd’hui comme « une lente descente vers le néant ». De sa dépression, l’athlète se souvient d’abord d’un sentiment de confusion. « Déjà, on ne sait pas vraiment ce qu’il se passe. Il n’y a plus aucune motivation, il n’y a pas cette envie de se lever. Au final les jours s’enchaînent, les semaines s’enchaînent », raconte-t-il au HuffPost.

Pour s’en sortir, Camille Lacourt a pu compter sur son entourage. « Le premier déclic a vraiment été personnel, c’est moi qui ai décidé de sortir de cet état de burn-out. Une fois que j’ai pris cette décision, j’ai vu toutes les mains qui m’étaient tendues. Quand on sombre, on n’a même pas envie de les voir et de les attraper. » Il explique aussi avoir reçu de l’aide de la part d’un préparateur mental. « Je travaillais déjà avant [avec lui], on l’appelait “le psy” à l’entraînement. Il m’a donné beaucoup de clés pour relancer la machine et aller mieux. »

Cependant, l’épisode de 2012 n’a pas été la seule difficulté à surmonter pour le sportif. En 2017, quand l’heure de la retraite arrive pour Camille Lacourt, celui-ci pense avoir tout mis en place pour que la transition se passe en douceur. Pourtant, cette étape s’avère compliquée. « Franchement je ne l’ai pas gérée, je l’ai subie, explique-t-il. Je pensais savoir où j’allais aller et le bouleversement a été bien plus profond que ce à quoi je m’attendais. »

Un suivi mental tout au long de la carrière

Pour le nageur, il est important que les athlètes s’ouvrent sur leur santé mentale. « Je trouve qu’en tant que sportif, on a une image de personne un peu incassable, de petit super-héros alors parler de nos faiblesses aussi c’est important. » Et ce n’est pas la première fois que le trentenaire s’exprime sur le sujet. « C’est bien de montrer aux gens qui nous voient à la télé qu’il y a aussi des moments difficiles pour nous, que ça arrive à tout le monde, aussi aux personnes fortes », commente-t-il.

Selon lui, il est indispensable qu’un sportif soit suivi mentalement tout au long de sa carrière. « On a un coach sportif, un préparateur physique, il faut aussi un coach pour entraîner notre cerveau avec tout ce qu’on lui met comme pression. »

Le burn-out et la dépression sont courants dans le monde du sport, mais pas assez accompagnés, selon Ysaora Thibus. La championne d’escrime a fait une dépression à la suite des Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. « Je trouve que c’est aussi la responsabilité du système de trouver des dispositifs pour faire en sorte que tu puisses revenir, te reconstruire, ou que tu puisses arrêter si tu en as envie », témoigne-t-elle dans le documentaire.

Camille Lacourt constate tout de même une évolution sur le sujet dans le monde du sport. Des athlètes comme Simone Biles et Naomi Osaka ont ainsi pris la parole sur la question de la santé mentale et notamment fait le choix de mettre leur carrière sur pause, pour en prendre soin.

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