Faut-il construire une nouvelle ville aux Pays-Bas ?
La population néerlandaise vient de franchir le seuil des 18 millions de personnes. Le chiffre pourrait sembler modeste si le pays ne connaissait pas une crise du logement aiguë, et s’il n’était pas, déjà, le deuxième État membre le plus densément peuplé de l’Union européenne, après Malte. En 2002, la densité de population était de 518 habitants au kilomètre carré aux Pays-Bas, contre 107 en France, selon Eurostat.
D’après les experts, “une croissance modérée de la population” est nécessaire au “maintien de la prospérité” du pays, relate Trouw dans son supplément hebdomadaire. “D’un autre côté, la pénurie de logement est déjà un problème. Or tous ces gens doivent bien vivre quelque part”, poursuit le journal chrétien, qui, à sa une, se fait l’écho d’un “projet peu orthodoxe” porté par des constructeurs et promoteurs immobiliers : faire sortir une nouvelle ville de terre.
Prés à perte de vue
Le projet, baptisé “Eemvallei Stad”, du nom de la vallée environnante, se situe dans le Flevoland, la plus récente des provinces du pays, puisqu’elle a été gagnée sur la mer au siècle dernier. Pour le moment, raconte Trouw, “difficile d’imaginer qu’une ville pourrait émerger ici”, car “il n’y a pratiquement que des prés à perte de vue, avec çà et là une rangée d’éoliennes, une poignée d’oiseaux des champs et, si on y prête attention, une ferme perdue dans le paysage”.
La ville de l’avenir doit pourtant accueillir quelque 50 000 habitations, et plus de 100 000 habitants. Ses concepteurs la veulent agréable, neutre sur le plan énergétique et durable en matière de mobilité. Mais, à ce stade, elle reste un projet : “Il n’y a pas assez de soutien politique” pour la faire advenir.
“C’est faisable”, admet le professeur d’urbanisme Machiel van Dorst, interrogé par le journal. “D’ailleurs, on l’a déjà fait. Tout le monde connaît les exemples récents de Lelystad et d’Almere”, les principales villes de la province. Dont le bilan est mitigé, souligne le haut fonctionnaire Francesco Veenstra :
“Almere est devenue une ville-dortoir, pas une vraie ville pourvue d’une économie et d’une identité propres. Idem pour Lelystad. Fondée dans les années 1960 pour accueillir 100 000 habitants, elle n’a jamais atteint ce seuil. Ça en dit long : elle n’est pas assez attrayante pour qu’on ait envie de s’y installer.”
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