"Il faut choisir la vie": ces réservistes israéliens refusent désormais de combattre à Gaza

La guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas est entrée dans son onzième mois. Au moins 40.005 personnes sont mortes selon le dernier bilan donné ce jeudi 15 août par le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas. Une guerre face à laquelle de rares réservistes israéliens exposent leur doute.

Comme Yuval Green, un ancien soldat qui a décidé de s'engager après les horreurs commises par le Hamas le 7 octobre en Israël faisant de nombreuses victimes civiles et militaires.

"Le niveau de destruction est juste dingue"

Celui qui était en train de faire son service militaire à cette période-là explique à BFMTV qu'il avait "déjà beaucoup de doutes" et s'apprêtait à "quitter la brigade" car il n'était "plus en accord avec ce qu'il se passait en Cisjordanie".

Malgré les résolutions internationales l'État hébreu contiunait alors d'étendre sa colonisation dans ce territoire palestinien occupé depuis 1967. Depuis le 7 octobre, les violences ont flambé dans ce territoire.

"Mais quand le 7 octobre a eu lieu, j'ai senti que ce n'était pas le bon moment de partir", se remèmore Yuval Green. Déployé mi-novembre dans la bande de Gaza, ce réserviste est chargé avec son unité d'entrer dans les maisons pour trouver et détruire les tunnels du Hamas.

"Même si vous agissez pour des raisons militaires justes, vous détruisez quand même la maison de quelqu'un. Le niveau de destruction que vous laissez derrière vous est juste dingue, vraiment dingue", déclare-t-il.

Quand il a été ordonné à Yuval Green et à son unité de "brûler" une maison dans laquelle ils se trouvaient, l'ancien soldat est allé voir son commandant. "Je lui ai demandé 'pourquoi on fait ça'", explique-t-il. "Sa réponse n'était pas satisfaisante".

"Il a essayé de m'expliquer qu'après ce qui a été fait le 7 octobre, on ne pouvait pas avoir pitié. Je lui ai répondu que je ne pouvais pas participer à ça. Je lui ai dit: 'si on doit faire ça je m'en vais'. Le jour d'après je suis parti", détaille l'ancien soldat.

Sans remettre en question le droit d'Israël à se défendre, Yuval Green s'interroge sur les méthodes déployées. Alors que des discussions en vue d'une trêve dans la bande de Gaza doivent se tenir ce jeudi au Qatar, il estime que ces méthodes en question compromettent les négociations. Et compromettent la libération des otages. Sur 251 personnes enlevées par le Hamas le 7 octobre, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon Tsahal.

"Tout le monde devrait utiliser son pouvoir pour pousser Israël à signer cet accord. C'est le seul moyen de mettre fin à la mort de Palestiniens, à la mort de soldats israéliens et de ramener les otages. Nous devons le faire", affirme-t-il.

"Il faut choisir la vie"

S'ils sont rares, Yuval Green n'est pas le seul soldat à s'exprimer publiquement. Il a signé avec 40 autres soldats réservistes une tribune expliquant la démarche de leur retrait.

"Après la décision d'entrer dans Rafah en dépit des otages, nous les réservistes, déclarons que notre conscience ne nous permet pas de prêter main forte à ce manque de respect de la vie humaine et au sabotage des prochaines négociations", ont-ils écrit soulignant qu'ils ont "pris part à l'effort de guerre".

"ll faut choisir la vie: mettre nos efforts et nos ressources dans les négociations et signer un accord qui ramènerait les otages et la sécurité pour Israël", ont ajouté ces anciens soldats.

Avec son témoignage, Yuval Green espère faire cesser les désirs de vengeance des deux côtés et mettre un terme à ce cycle de violence.

Article original publié sur BFMTV.com