Faut-il avoir peur du syndrome de Kessler, ce scénario catastrophe qui rendrait l'exploration spatiale impossible ?

Rappelez-vous Gravity, film spectaculaire de Alfonso Cuarón mais aussi démonstration réaliste des dégâts ahurissants que peuvent occasionner des débris tournant sans fin autour de notre planète. L’industrie spatiale en a parfaitement conscience. Ces collisions en cascades pourraient nous empêcher de lancer d’autres satellites. Il existe des modélisations pour les anticiper : c’est le syndrome de Kessler.

Depuis le lancement du tout premier satellite artificiel en 1957, Spoutnik-1, nous avons largué dans notre orbite basse une multitude de satellites aux capteurs braqués sur notre Terre : satellites de prévision météorologique, de cartographie, de surveillance des risques naturels, de communications, d’espionnage, et bientôt de distribution d’énergie.

Leur multiplication a entraîné la prolifération de débris spatiaux, une pollution dont les concepteurs et les opérateurs de ces engins se sont très peu inquiétés jusqu’à ces dernières années. Le chaos potentiel que des collisions entre ces débris et les satellites en service occasionneraient a été matérialisé par ce syndrome de Kessler, imaginé dès les années 1970.

Le syndrome de Kessler, qu’est-ce que c’est ?

Donald Kessler, astrophysicien américain, et son collègue Burton Cour-Palais, travaillant tous deux pour la Nasa, publient en 1978 dans la revue Journal of Geophysical Research un article intitulé “Collision frequency of artificial satellites: The creation of a debris belt”.

En substance, ils y imaginent au travers d’un modèle mathématique à grand renfort d’équations et de calculs probabilistes le devenir de notre orbite basse alors que le nombre de satellites qui y sont lancés augmente, et prédisent l’augmentation du risque de collisions entre eux. Ces collisions entraîneraient l’éparpillement de débris dont le chiffre exponentiel engendrerait un phénomène de collisions en cascades. Une réaction en chaîne qui continuerait même si l’on arrêtait tout lancement d’engins !

Ce processus sans fin rendrait ces altitudes tout bonnement impropres à leur utilisation spatiale, qu’il s’agisse d’y poster de nouveaux satellites ou de les traverser pour atteindre la Lune ou une destination plus lointaine.

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Le syndrome de Kessler est-il déjà à l’œuvre ?

En 1978, Kessler et son collègue envisageaient ce risque d’encombrement vers l’an 2000, soit trente à q[...]

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