La France va renforcer sa législation pour mieux protéger les victimes d'inceste

LA FRANCE VA RENFORCER SA LÉGISLATION POUR MIEUX PROTÉGER LES VICTIMES D'INCESTE

PARIS (Reuters) - La France va adapter sa législation pour mieux protéger les victimes d'inceste et de violences sexuelles, a annoncé samedi le président Emmanuel Macron sur Twitter.

"Il nous faut adapter notre droit pour mieux protéger les enfants victimes d'inceste et de violences sexuelles", écrit le président de la République.

Il ajoute avoir demandé au ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti et au secrétaire d'Etat chargé de la protection de l'enfance, Adrien Taquet, "de mener une consultation qui devra déboucher rapidement sur des propositions".

"Nous avons allongé le délai de prescription à 30 ans à compter de la majorité. Nous avons durci les contrôles pour les professionnels au contact des enfants. Beaucoup a été fait. Il nous faut faire plus", déclare Emmanuel Macron.

La consultation démarrera dès lundi afin d’approfondir les pistes qui permettront de renforcer la loi pour mieux punir les auteurs et "qu’il ne soit plus possible d’entendre qu’un enfant consent à une relation sexuelle avec un adulte", a expliqué dans un communiqué Adrien Taquet.

Une "initiative concertée" va aussi être lancée afin d’organiser un dispositif d’accompagnement de la prise de parole des victimes. Elle sera menée par Edouard Durand, vice-président chargé des fonctions de juges des enfants au Tribunal Judiciaire de Bobigny et Nathalie Mathieu, directrice générale de l’association Docteurs Bru, spécialisée dans l’accueil des enfants victime d’inceste.

"Cette instance aura par ailleurs pour mission d’explorer plus en détail les sujets encore largement tabous tels que la protection des enfants en situation de handicap, et de mener des travaux approfondis pour rendre le changement de société possible", a indiqué Adrien Taquet.

DÉPISTAGE ET PRÉVENTION

Emmanuel Macron a par ailleurs annoncé samedi deux premières mesures destinées à mieux protéger les enfants.

Ainsi, deux rendez-vous de dépistage et de prévention contre les violences sexuelles faites aux enfants - l'un au primaire, l’autre au collège - seront mis en place pour tous, dans le cycle de visites médicales obligatoires existantes.

Les soins psychologiques des enfants victimes de violences sexuelles seront également remboursés.

"Il nous faut entendre, recueillir les témoignages des victimes même des années, des décennies après", déclare Emmanuel Macron dans une vidéo postée sur Twitter.

"Il nous faut les accompagner. Il nous faut punir les criminels, pour leurs actes passés et pour empêcher toute récidive", poursuit-il. "La honte aujourd'hui change de camp".

Début janvier, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour viols et agressions sexuelles, y compris sur mineur, après les accusations d'inceste portées contre le constitutionnaliste et politologue Olivier Duhamel.

Dans un livre intitulé "La Familia Grande", Camille Kouchner, belle-fille d'Olivier Duhamel, accuse le politologue d'avoir infligé des violences sexuelles à son frère lorsqu'ils étaient adolescents.

Ces accusations ont provoqué une onde de choc dans le pays et suscité de multiples témoignages sur les réseaux sociaux.

"Ces témoignages, ces paroles, parfois ces cris, plus personne ne peut les ignorer", déclare Emmanuel Macron.

(Blandine Hénault)