Fake news, attaques personnelles, IVG... Les moments forts du débat entre Donald Trump et Kamala Harris
Kamala Harris et Donald Trump ont débattu pour la première fois à quelques semaines de l'élection présidentielle. Le duel, tendu, a donné lieu à plusieurs passes d'armes sur l'avortement, l'élection de 2020 ou encore les guerres à Gaza et en Ukraine.
Près de deux heures d'arguments et d'invectives. Kamala Harris et Donald Trump ont ferraillé mardi 10 septembre lors d'un débat télévisé au ton très offensif, s'accusant mutuellement de mentir et confrontant leurs visions opposées de l'Amérique à moins de deux mois d'une élection présidentielle historique.
La vice-présidente démocrate et le candidat républicain, qui ne s'étaient jamais rencontrés, ont échangé pendant plus d'une heure et demie sur de nombreux thèmes de campagne.
· Vive passe d'armes sur le droit à l'avortement
La question de l'avortement a fait l'objet d'une passe d'armes marquée entre les deux candidats. "J'avais prévenu que nous allions entendre un tissu de mensonges et ce n'est en réalité pas une surprise. Il faut comprendre ce que l'on a là: Donald Trump a choisi lui-même trois membres de la Cour suprême sachant qu'ils mettraient fin à la protection (du droit à l'avortement partout aux États-Unis) et ils ont fait exactement ce qu'ils attendaient", a déclaré la candidate démocrate.
Kamala Harris a par ailleurs estimé que le candidat démocrate se montrait "insultant pour les femmes" en prétendant que les démocrates voulaient que des femmes puissent avorter non loin du terme de leur grossesse.
"Nulle part en Amérique, une femme ne va aller au terme de sa grossesse pour demander un avortement. Ça n'arrive jamais. C'est insultant pour les femmes d'Amérique", a-t-elle insisté.
· Échanges tendus sur l'immigration, Trump relaye une étonnante fake news
Alors que le débat s'orientait sur l'immigration, sujet central de la campagne, Donald Trump a repris une accusation mensongère venue de son camp selon laquelle des migrants mangent "des chats et des chiens" à Springfield, une ville de l'Ohio.
"À Springfield, ils mangent des chiens, les gens qui viennent (des migrants, NDLR), ils mangent des chats. Ils mangent les animaux de compagnie des habitants. C'est ce qui se passe dans notre pays", a dit le candidat républicain et ex-président des États-Unis, en référence à une thèse colportée depuis lundi par des ténors républicains et démentie par les autorités au sujet de migrants haïtiens.
Kamala Harris a écouté son adversaire dérouler cette fausse information avec un visage dépité, avant de l'accuser d'avoir fait pression sur les républicains pour bloquer un projet de réforme de l'immigration en préparation au Congrès.
· L'élection de 2020 toujours au centre des débats
Le candidat républicain à la Maison Blanche a, une nouvelle fois, refusé de reconnaître avoir perdu la présidentielle de 2020. "Il y a tellement de preuves, tout ce que vous avez à faire c'est y jeter un œil", a-t-il dit, réitérant ses affirmations non fondées sur des fraudes supposées. "J'ai eu plus de 75 millions de suffrages, plus que n'importe quel président sortant. On m'a dit que lorsque l'on en obtient 63 millions, ce que j'ai obtenu en 2016, on ne peut pas être battu", a déclaré Donald Trump.
Kamala Harris l'a accusé d'avoir encouragé les émeutiers qui ont envahi le capitole le 6 janvier 2021, tout en rappelant les nombreuses mises en accusation de Donald Trump. "Il n'y aura plus aucun garde-fou s'il revient à la Maison Blanche, il n'y aura plus personne pour l'arrêter: c'est au peuple américain de l'arrêter", a-t-elle mis en garde.
"Chacune de ces affaires a été intentée par eux [les démocrates] contre leur adversaire politique", a balayé Donald Trump.
· Gaza, Ukraine... Les conflits internationaux divisent
Interrogé sur la guerre à Gaza, Kamala Harris a réaffirmé qu'"Israël a le droit de se défendre". "Mais la façon dont Israël le fait est importante", a-t-elle insisté, rappelant que "trop de palestiniens innoncents ont été tués". La candidate démocrate continue de plaider pour un "cessez-le-feu" dans l'enclave.
Donald Trump a de son côté accusé Kamala Harris de "détester Israël". "Israël disparaîtrait" sous sa présidence, selon le républicain. À l'inverse, Donald Trump a assuré que les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine n'auraient pas éclaté sous sa présidence.
Avec Trump, "Poutine serait actuellement assis à Kiev, son regard tourné vers le reste de l'Europe, à commencer par la Pologne", lui a répondu Kamala Harris, accusant son adversaire de vouloir "abandonner l'Ukraine". L'attaquant sur sa stature internationale, elle a affirmé que Donald Trump est "la risée" des dirigeants internationaux et qu'il risque être "manipulé" par les "dictateurs" s'il arrivait au pouvoir.
Donald Trump s'est félicité du soutien du Premier ministre hongrois Viktor Orban, "l’un des hommes les plus respectés. On le considère comme un homme fort. C’est un homme fort, le Premier ministre intelligent de Hongrie".
· Kamala Harris en candidate de la classe moyenne, Trump l'accuse de "marxisme"
Le débat s'était ouvert sur les questions économiques. Prenant la parole en premier, Kamala Harris s'est posée en candidate de la classe moyenne, qu'elle veut "tirer vers le haut". Elle a aussi défendu les petites entreprises, leur proposant des mesures de crédits d'impôt.
En face, Donald Trump a accusé Kamala Harris d'être une "marxiste" et d'avoir "détruit notre pays", déplorant les choix économiques de l'administration Biden depuis 2021. Le républicain veut de son côté protéger l'économie américaine et réclame, comme durant son premier mandat, une augmentation des droits de douane. "Cela fait 70 ans qu'on aide le monde entier, il est temps qu'on nous rende la pareille", a-t-il réclamé.
· Qui pour diriger un pays "divisé"?
Kamala Harris a accusé son rival Donald Trump de vouloir "diviser" le pays sur les questions raciales, tandis qu'elle "compte être la présidente de tous les Américains". "Je pense que c'est une tragédie d'avoir quelqu'un qui veut être président et qui a constamment, tout au long de sa carrière, tenté d'utiliser les questions raciales pour diviser les Américains", a-t-elle déclaré.
Donald Trump a répondu à une question sur de précédents propos dans lesquels il accusait Kamala Harris d'être devenue noire pour des raisons électoralistes, en ironisant: "J'ai lu quelque part qu'elle n'était pas noire et ensuite, j'ai lu qu'elle était noire".
· Discours "ennuyeux" de Trump, Biden "pathétique": de nombreuses attaques personnelles
Les deux candidats ont multiplié les piques à l'égard de leur adversaire, chacun attaquant le point sensible de l'autre. Kamala Harris s'en est par exemple pris aux meetings de Donald Trump. "Les gens commencent à quitter ses meetings plus tôt, par épuisement et par ennui", a assuré la candidate démocrate, sachant que Donald Trump attache beaucoup d'importance au nombre de spectateurs qui participent à ses événements de campagne.
De son côté, Donald Trump a multiplié les attaques personnelles. Il a traité Kamala Harris de "marxiste" en évoquant son père, un professeur d'économie lui aussi taxé de "marxisme". L'ancien président républicain s'en est aussi pris à Joe Biden, "faible et pathétique". "C'est important de le rappeler à l'ancien président: vous ne vous présentez pas contre Joe Biden, vous vous présentez contre moi", lui a rétorqué Kamala Harris.
· Un débat tendu, mais dans les règles
Le débat s'est déroulé selon des règles strictes fixées à l'issue d'un accord entre les deux équipes de campagne. Le micro étant coupé pour le candidat qui n'avait pas la parole, les échanges ont été clairs, bien que parfois tendus entre les deux candidats.
"C'est à moi de parler", a lancé au cours de la première partie du débat Donald Trump à l'égard de sa rivale démocrate. "C'est à moi de parler si vous voulez bien", lui a-t-il lancé, ajoutant: "Cela vous rappelle quelque chose?", en référence à la manière dont Kamala Harris avait répliqué en 2020 lors d'un débat avec Mike Pence, l'ancien vice-président de Donald Trump.
Le débat se tenait au National Constitution Center, un musée de Philadelphie en Pennsylvanie, sans public. Les échanges ont duré plus d'une heure et 45 minutes, entrecoupés de deux pauses.