"Elle a fait face": l'avocat de la victime raconte la première journée du procès des viols de Mazan

Une première journée "éprouvante", mais que Gisèle a vécu "concentrée". Ce lundi 2 septembre, le procès des viols de Mazan s'est ouvert au palais de justice d'Avignon. En tout, 50 hommes sont jugés par la cour criminelle départementale du Vaucluse pour avoir violée chez elle Gisèle, qui avait au préalable été droguée par son mari, le père de ses trois enfants. Ce dernier fait également partie des accusés.

"Même si ce n'est que le début, il y avait une appréhension majeure à l'idée de se retrouver face aux personnes qui l'ont agressée, plus d'une cinquantaine, explique Stéphane Babonneau, l'un de ses avocats, sur BFMTV. Elle avait la crainte de ses propres réactions. La réalité est qu'elle a fait face, elle est très entourée par sa famille, qui a traversé l'inconcevable mais s'est retrouvée et fait front."

Sa cliente, âgée de 72 ans, a d'ailleurs souhaité que le procès soit jugé en public, notamment pour alerter sur ce que représente "la soumission chimique" ainsi que "ses symptomes". "Elle a été victime de faits qui se sont passés de manière dissimulés, de faits qui ont été rendus possible précisément par la dissimulation extrême pendant une dizaine d'années de ce dont elle était victime". Selon la victime, il est "nécessaire que tout le monde sache ce qui s'est passé dans cette maison et que la justice puisse être rendue de manière publique car il y a dans un procès une dimension d'ouverture sur la société" indique son conseil.

"Ce dossier montre l'état de notre société"

Parmi les 50 prévenus, certains ont avancé comme justification de leurs actes qu'ils ne pensaient pas que Gisèle était droguée. "Cette défense est inaudible", pour Stéphane Babonneau, qui juge néanmoins que "chacun aura la possibilité de développer son point de vue".

"Ce dossier montre, du fait des profils très variés des personnes accusées, l'état de notre société. Aujourd'hui on a plus de risques de se retrouver dans cette situation quand on est une femme. Les agressions sexuelles touchent les femmes et les hommes, y compris sous soumission chimique. Mais quand on est une femme on est exposée à pouvoir être victime de ce type de faits dans de telles proportions. C'est aussi la volonté de ma cliente à travers l'ouverture de ce procès au public que chacun puisse réfléchir au traitement qu'on réserve aux femmes", a-t-il poursuivi.

L'avocat de la victime souligne, enfin, que "l'une des questions qui se pose c'est de savoir comment chacun de ces accusés n'a pas pu voir dans [sa] cliente simplement un être humain et une femme". Chacun risque une peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle pour tous les accusés des faits de viol.

Article original publié sur BFMTV.com