«Faire vivre la bibliothèque comme si vous y étiez»

La bibliothèque José-Vasconcelos à Mexico.

Alberto Manguel, écrivain et directeur de la Bibliothèque nationale d’Argentine, et Robert Lepage, metteur en scène et scénographe québécois, ont collaboré pour l'exposition «La bibliothèque, la nuit» en réalité virtuelle. Interview croisée.

Comment en êtes-vous venus à concevoir ensemble ce projet de réalité virtuelle ?

Robert Lepage : Nous nous sommes rencontrés au début des années 80 à Toronto dans un festival de Théâtre où j’avais mis en scène la Trilogie du dragon. Alberto Manguel, alors chroniqueur culturel pour le magazine Saturday Night et Radio-Canada, avait adoré le spectacle et nous nous sommes souvent revus. Quand il est parti pour la France, j’ai perdu le contact avec lui et je le croyais dans une tour d’ivoire inaccessible. Nous nous sommes finalement retrouvés pour ce projet à l’occasion du dixième anniversaire de la Bibliothèque et archives nationales du Québec à Montréal. Il avait été demandé à Alberto de monter une exposition à partir de son livre, la Bibliothèque, la nuit (Actes Sud, 2006). Je connaissais bien le livre mais je ne voyais pas du tout, au début, comment tout cela pouvait s’incarner.

Alberto Manguel : J’ai tout de suite pensé que c’était à Robert de faire vivre cette exposition. Sinon, le visiteur n’aurait vu qu’un livre ouvert. Mais je peux l’ouvrir chez moi le livre, je n’ai pas besoin d’aller à la bibliothèque pour le voir. Ce que Robert est parvenu à faire, c’est justement de faire vivre cette bibliothèque comme si vous y étiez. Vous y perdez le sens de votre corps.

Comment avez-vous songé à la réalité virtuelle ?

R.L. : La grande bibliothèque à Montréal, comme d’autres, voulait étaler les livres rares et montrer son patrimoine. Quand nous avons eu la démonstration de cette technologie, nous nous sommes dit que nous avions le fil rouge. C’était la meilleure façon d’en parler. Mais il fallait étrenner un nouveau jouet. Jusque-là, il n’y avait que les gens du milieu du jeu vidéo qui exploraient. Il n’y avait pas de mode d’emploi. (...)

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