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Faire payer les soins aux non-vaccinés? Martin Hirsch s'interroge et s'attire les critiques

Après la crise du coronavirus, le directeur de l'AP-HP plaide pour "associer la responsabilité à la solidarité dans les systèmes de protection sociale”.

CORONAVIRUS - De son propre aveu, le débat est “délicat”. Le directeur de l’AP-HP Martin Hirsch s’est interrogé sur la possibilité de faire payer les soins aux personnes qui refusent la vaccination contre le coronavirus. Mais la réflexion ne passe pas.

“Est-il logique de bénéficier des soins gratuits quand on a refusé pour soi la vaccination gratuite et qu’on met doublement en danger les autres, en pouvant les contaminer et en pouvant prendre une place en soins intensifs nécessaire pour un autre patient?”. La question est volontairement posée en “termes crus” par le patron de l’hôpital public de Paris dans une tribune parue dans Le Monde le 25 janvier.

Sur le plateau de C à Vous mercredi soir, il a explicité ses propos en les élargissant au-delà du Covid, par exemple pour une pathologie pour laquelle il existe un système de dépistage recommandé tous les cinq ans: “Est-ce qu’on doit avoir exactement la même protection et le même taux de remboursement si on néglige (ce dépistage, NDLR), que quelqu’un qui ne le néglige pas?”.

Il distingue cependant cette situation de celle d’un fumeur, atteint d’un cancer dû à sa consommation de tabac: “Je trouve qu’il y a une très grande différence et qu’on ne peut pas blâmer quelqu’un sur un comportement, une addiction”, a-t-il précisé, confronté à cet exemple.

Lier responsabilité et protection sociale?

“Si je pose cette question-là, c’est que je ne voudrais pas qu’un jour, on se dise ’les dépenses de santé explosent parce qu’il y a tout une partie de comportements dits irresponsables qui remettent en cause la solidarité de tous”, explique Martin Hirsch sur le plateau de France 5. Il plaide de façon générale pour “associer la responsabilité à la solidarité dans les systèmes de protection sociale”. Mais rappelle que le système de soins est “ouvert à tout le monde.”

L’idée, à peine posée, a été écartée par plusieurs responsables de gauche. À commencer par Anne Hidalgo qui, tout en rappelant sa proximité avec Martin Hirsch, a estimé qu’il ne fallait pas “entrer dans ce type de démarche”.

“On a défini une stratégie qui est celle de la vaccination, qu’il faut augmenter et poursuivre parce qu’elle protège. (...) Il faut continuer cette pédagogie”, a déclaré la candidate du PS. Elle a cependant défendu Martin Hirsch en le présentant comme “quelqu’un qui a le souci premier de ’comment répond l’hôpital” et plaidé pour “une vraie politique de santé publique que nous n’avons pas”.

À gauche toujours, le porte-parole du candidat du NPA Philipe Poutou a lui aussi fustigé cette idée. “Je suis scotché”, a ainsi déclaré Olivier Besancenot sur RMC. “Ceux qui ont fermé 5700 lits d’hôpital en pleine crise sanitaire, même eux je ne leur souhaite pas de payer s’ils vont en réanimation. Même Emmanuel Macron, s’il va en réanimation, je ne lui souhaite pas de sortir son portefeuille. Monsieur Hirsch ferait mieux de baisser d’un ton et s’attaquer aux vrais problèmes”, comme le manque de lits et de personnel.

Le débat posé par Marti Hirsch ne semble pas près de voir le jour. Mais il n’est pas sans faire écho à un autre sur la prise en charge en réanimation des patients infectés par le coronavirus, alors même qu’ils ont refusé le vaccin.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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