Face au FMI, la Grèce en plein «dilemme du prisonnier»

«Imaginez que vous êtes en prison pour ne pas avoir payé vos dettes, suggérait vendredi l’économiste Philippe Legrain dans la revue Foreign Policy. Après cinq ans de misère, vous dirigez une rébellion qui prend le contrôle de la prison et vous exigez votre libération. Les gardiens réagissent en vous coupant l’eau.Devez-vous alors retourner dans votre cellule, en négociant éventuellement des conditions légèrement moins dures ? Ou bien continuez-vous à vous battre pour vous libérer ?» Ce «dilemme du prisonnier» est celui qui se poserait à la Grèce. Où les derniers rebondissements dans les négociations entre le gouvernement anti-austérité d’Aléxis Tsípras et ses créanciers sont vécus comme une douche écossaise. Jeudi, le FMI a brusquement quitté la table des négociations à Bruxelles, en prenant acte de «l’absence de progrès» sur des «différences majeures». Toujours les mêmes, en fait : le refus des Grecs de procéder à des coupes dans les retraites, de libéraliser encore le marché du travail et d’accepter d’importants excédents budgétaires primaires. Ce durcissement du FMI contraste avec les propos du commissaire européen Pierre Moscovici, qui assurait jeudi que «la piste d’atterrissage [était] proche». Reste à savoir qui est le pilote dans cet avion qui frôle le crash. «Depuis des mois, la Grèce n’a que "quelques jours" pour accepter un accord avant de se trouver sans un sou. A la fin, c’est ce qui pourrait se produire», alerte Legrain. Tous les regards sont désormais rivés sur la date du 30 juin, lorsqu’expire le plan d’aide à la Grèce. Faute d’accord, ce serait la rupture. Avec des conséquences imprévisibles.

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