Face à la Primaire populaire, les critiques montent à gauche

La primaire populaire revendique plus d'inscrits que celles de EELV et LR (Photo prise à Marseille en novembre 2021) (Photo: SOPA Images via Getty Images)
La primaire populaire revendique plus d'inscrits que celles de EELV et LR (Photo prise à Marseille en novembre 2021) (Photo: SOPA Images via Getty Images)

POLITIQUE - Au fur et à mesure que l’échéance approche, et encore plus depuis que Christiane Taubira a annoncé vouloir s’y soumettre, la Primaire populaire voit son pouvoir irritant se décupler à gauche, dans un contexte où les organisateurs revendiquent plus d’inscrits que le primaire EELV. Au point que, chez les différents candidats de cette partie de l’échiquier politique, de Jean-Luc Mélenchon à Yannick Jadot en passant par Anne Hidalgo ou Fabien Roussel, le sujet commence sérieusement à irriter.

“Non, c’est non. Ça fait longtemps que je ne veux plus en parler”, a répété ce mardi sur France 2 Yannick Jadot. Si les chefs à plumes redoublent d’efforts pour esquiver ce dossier embrassant, leurs entourages respectifs fourbissent leurs armes pour décrédibiliser le processus.

Porte-parole de Yannick Jadot, Marine Tondelier est montée au créneau sur France inter. “Cette primaire n’est pas une primaire parce qu’il n’y a pas de débats de fond. D’ailleurs, le socle programmatique ne respecte même pas les accords de Paris en termes d’objectifs pour stabiliser le changement climatique”, a taclé l’élue des Hauts-de-France, considérant que “tout cela n’est pas sérieux”.

Membre de l’équipe de campagne de Yannick Jadot, le chercheur François Gemenne multiplie les tweets amers, portant notamment sur la prétendue illégalité du processus et sur les motivations qui animent les organisateurs du scrutin. L’intéressé va jusqu’à les accuser, vidéo à l’appui, de s’adonner à de la “manipulation électorale”.

“Ces gens sont des voyous”

Sur cette vidéo, on peut entendre Samuel Grzybowski, porte-parole de la Primaire populaire, assumer faire pression sur les différents candidats de gauche, dans le but de les contraindre à l’union. Y compris en utilisant des critiques médiatiques qui pourront affecter leurs intentions de vote, et donc, leur capacité à se présenter face aux électeurs. Ce qui a fait bondir la députée insoumise Danielle Obono, qui n’a pas mâché ses mots.

“Ces gens sont des voyous, littéralement. Arrogants, égocentriques, malfaisants. Sans honneur ni principes. Qui n’ont aucun égard pour qui que soit, ne défendant que leurs intérêts carriéristes”, accuse-t-elle sur Twitter, estimant que “madame Taubira ne mérite pas qu’ils entachent ainsi sa candidature”.

“Le président de la Primaire Populaire avoue qu’il mène une campagne de démoralisation contre les candidats de gauche pour les faire baisser dans les sondages. C’est vraiment honteux”, condamnait dans le week-end Antoine Léaument, en charge de la communication numérique de Jean-Luc Mélenchon.

À noter que ce n’est pas la première fois que les militants de la Primaire populaire sont la cible de critiques virulentes. Mi-décembre, le député socialiste David Habib dénonçait une initiative “proposée par des gauchistes boutonneux” et invitait le parti à la rose à ne pas tomber dans ce “piège”. Des critiques qui ne devraient pas faiblir d’ici l’ouverture des votes le 27 janvier.

“On est pas leurs adversaires, on a justement construit le projet pour les faire gagner”, rétorque au HuffPost Samuel Grzybowski, porte-parole de la Primaire populaire. Personnellement surpris par la violence de ces attaques, il regrette que la vidéo dont se servent ses détracteurs a été sortie de son contexte. “Il s’agit d’un court extrait d’une réunion que j’ai eu avec les bénévoles au mois d’octobre. Les termes utilisés ne sont pas diplomatiques, car les propos n’étaient pas censés être publics. Malgré cette maladresse sur la forme, le fond est toujours le même, créer les conditions d’une victoire”, justifie encore le trentenaire, qui ajoute: “on tente de ramener aux urnes tous les gens de gauche que les désertées. Ils ont besoin de nous ganger, mais ils ont visiblement du mal à l’entendre”.

À voir également sur Le HuffPost: Primaire populaire: Mélenchon explique sa position avec une fable de la Fontaine

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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