Face à Macron et Darmanin, le pape adresse à Marseille ses mises en garde sur l’immigration et la fin de vie

POLITIQUE - Le discours d’un pape. Ce samedi 23 septembre depuis le Palais du Pharo à Marseille, le Pape François a clôturé les « rencontres méditerranéennes » par un discours, dont la teneur a souvent résonné avec les débats politiques qui agitent la société française. Avec, parfois, des évocations aux allures de messages subliminaux adressés à Emmanuel Macron et Gérald Darmanin (tous les deux sur place) que ce soit sur la fin de vie où l’accueil des migrants.

« Le phénomène migratoire n’est pas tant une urgence momentanée, toujours bonne à susciter une propagande alarmiste, mais un fait de notre temps », a lancé le souverain pontife, soulignant que « ceux qui risquent leur vie en mer n’envahissent pas, ils cherchent hospitalité ». Le pape François a ainsi appelé à « accueillir, protéger et intégrer » les migrants, provoquant les applaudissements de l’assistance, dont ceux de… Gérald Darmanin.

« Une cascade réalisée par un professionnel »

Ce qui a de quoi étonner au regard des positions exprimées ces derniers jours par le ministre de l’Intérieur, qui a annoncé que la France « n’accueillera pas de migrants » venus de l’île italienne de Lampedusa, au nom d’une « position de fermeté » revendiquée, et à rebours du message délivré ce samedi par le Pape.

Jorge Bergoglio a aussi mis en garde contre « l’assimilation, qui ne tient pas compte des différences » et « compromet l’avenir en augmentant les distances et en provoquant la ghettoïsation, provoquant hostilité et intolérance ».

Là encore, difficile de ne pas y voir une allusion aux tentations de l’exécutif sur le sujet. En 2021 par exemple, Gérald Darmanin se félicitait d’avoir « durci les conditions d’intégration et les entretiens d’assimilation », ce qui avait conduit à « 30 % d’éloignements forcés de plus que sous les deux quinquennats précédents ».

De quoi interroger l’intention des applaudissements du ministre de l’Intérieur face à l’appel à l’hospitalité prononcé par le Pape. « Ceci est une cascade réalisée par un professionnel, à ne surtout pas reproduire chez vous », a ironisé sur X (ex-Twitter) Chloé Ridel, porte-parole du Parti socialiste.

Fin de vie

Le pape François a également évoqué, à demi-mot, la question de la fin de vie, alors qu’un projet de loi issu des travaux de la Convention citoyenne et légalisant le droit à l’aide active à mourir est dans les tuyaux, recevant les tout derniers arbitrages présidentiels.

« Qui écoute les gémissements des personnes âgées isolées qui, au lieu d’être valorisées, sont parquées dans la perspective faussement digne d’une mort douce, en réalité plus salée que les eaux de la mer ? » , s’est interrogé le pape, dans ce qui sonne comme une mise en garde faite à Emmanuel Macron.

Selon franceinfo et Le Figaro, le chef de l’État avait justement décidé de retarder la présentation de ce projet sensible pour ne pas gêner la visite du souverain pontife, alors que l’Église catholique est profondément hostile à l’euthanasie.

Dans l’après-midi, l’Elysée a fait savoir qu’Emmanuel Macron a évoqué lors de son entretien avec le pape François les questions migratoires mais aussi la fin de vie, en lui présentant le « calendrier » et la « méthodologie » du projet de loi attendu « dans les prochaines semaines ». le chef de l’Etat n’est « pas entré dans le détail du contenu ni même des équilibres du texte ».

Sur les migrants, alors que le chef de l’Eglise catholique a dénoncé « l’indifférence » des responsables politiques européens, « la France n’a pas à rougir, c’est un pays d’accueil et d’intégration », a dit la présidence.

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