Face à l'humain, s'adapter ou périr

Des becs plus gros, des pattes plus longues, des pétales plus vifs… La pression humaine sur l'environnement se traduit déjà, chez certaines espèces, par une évolution accélérée.

Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°208 daté janvier/ mars 2022.

C'est de la résistance. Ou de l'adaptation. Ou les deux à la fois. Silencieusement, presqu'imperceptiblement, le monde animal et végétal se modifie sous les pressions répétées de l'Homme qui modèle, souvent à son insu, le tissu vivant de la planète. Pour répondre à ces contraintes nouvelles, les becs s'allongent, les éléphants perdent leurs défenses, les fleurs changent de taille. Les modes de vie évoluent en réponse à l'urbanisation, à la destruction des milieux naturels, à la hausse de la température moyenne de la planète. Afin d'éviter la disparition, oiseaux, mammifères, plantes, reptiles voient leur ADN se transformer, à une vitesse que les évolutionnistes n'auraient jamais cru possible il y a seulement vingt ans.

L'humain, l'arroseur arrosé

Cette capacité stupéfiante des espèces à répondre aux agressions par des modifications de leur ADN vaut à l'Homme de se retrouver très souvent dans la position de l'arroseur arrosé, victime finale de son manque d'attention au monde vivant. L'exemple le plus fameux est celui des biocides. À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, la chimie est apparue comme l'arme fatale pour faire reculer certains insectes, vecteurs de maladies ou ennemis des cultures. Au fil des décennies, des millions de tonnes de DDT, puis d'organophosphorés, et enfin de pyréthrinoïdes et néonicotinoïdes ont été épandus dans les champs et pulvérisés dans et autour des habitations. Beaucoup de diptères en sont morts, mais quelques-uns sont passés à travers car ils ont développé des mutations génétiques leur permettant de mieux supporter ces substances. Ils se sont reproduits au rythme de cinq à sept générations par an et ont disséminé ces gènes de résistance aux insecticides en un temps record : quelques années seulement.

"Une étude du CNRS montre que, même si l'on arrête d'épandre ces produits chimiques, ces résistances ne disparaissent pas, s'alarme[...]

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