Face à l’inflation, un mouvement de grève inédit au Royaume-Uni

A message board warns of travel disruption at Waterloo Station in London on August 18, 2022 as Britain's train network faced further heavy disruption in major walkouts that follow the sector's biggest strike action for 30 years already this summer. - Railway and postal staff, dockers too. Britain's workers are striking in vast numbers as decades-high inflation erodes the value of wages at a record pace. (Photo by CARLOS JASSO / AFP)

CARLOS JASSO / AFP

La gare de Londres-Waterloo, le 18 août 2022.

ROYAUME-UNI - Fortement touché par l’inflation, le Royaume-Uni vit depuis ce jeudi 18 août son plus grand mouvement de grève depuis les années 1980. Ce vendredi, le réseau de transport londonien sera quasiment paralysé, tandis que d’autres débrayages massifs seront observés dans les bureaux de poste, les ports, chez les éboueurs ou encore les avocats pénalistes, les employés demandant des revalorisations de salaire.

Des dizaines de milliers d’employés du rail avaient été appelés à cesser le travail jeudi par les syndicats RMT, TSSA et Unite, tandis que Network Rail, le gestionnaire public du réseau, incitait les usagers à éviter ce mode de transport. Pas de colère chez ces derniers mais de la compréhension. « Je vais être très en retard, c’est sûr », avait expliqué l’AFP Usama Sarda, un dentiste d’une trentaine d’années, qui se rendait à un mariage dans le nord du pays depuis la gare londonienne de Euston. Mais la grève « est juste, parce que l’inflation est actuellement à un niveau record », a-t-il estimé.

Un mouvement « Don’t pay » face aux factures

Les cheminots « sont des gens comme moi », abondait Greg Ellwood, un consultant de 26 ans croisé à la gare de Leeds, au nord de l’Angleterre. « Nous essayons tous de gagner notre vie et de nous débrouiller. J’ai toute la sympathie du monde pour eux », affirmait-il.

La situation économique du Royaume-Uni inquiète, avec des hausses de prix généralisées, qui ont dépassé 10 % le mois dernier Outre-Manche pour la première fois en plus de 40 ans. Avec l’explosion des factures d’électricité, le nombre d’impayés a atteint son plus haut niveau -1,3 milliard de livres au 10 août- et certains habitants ont décidé de participer au mouvement « Don’t pay ». Ils demandent une réduction des factures énergétiques à un « niveau abordable » sous peine de faire la « grève » des paiements de factures électriques à partir du 1er octobre.

Ce vendredi, le trafic sur de nombreuses lignes du métro londonien est suspendu ou réduit. Des perturbations touchent aussi les bus de la capitale britannique et devraient se poursuivre samedi, rapporte The Guardian. Les cheminots britanniques ont d’ores et déjà prévenu qu’ils feront grève ce samedi, ce qui touchera la circulation des trains le dimanche matin également.

Le gouvernement fustige le mouvement de grève

Les dockers du port de Felixstowe, dans l’est de l’Angleterre démarreront dimanche une grève de huit jours, ce qui pourrait mettre à l’arrêt une grande partie du trafic de marchandises au Royaume-Uni. Il s’agit, en effet, du gros port pour le fret dans le pays, souligne France 24.

Les syndicats des travailleurs du rail, qui réclament des meilleures conditions salariales et de travail, se disent prêts à continuer leur mouvement « aussi longtemps que nécessaire ». De son côté, le gouvernement britannique a lui aussi durci ses positions. « La priorité est de faire en sorte que les gens puissent se rendre au travail, à l’école et à leurs rendez-vous médicaux », a indiqué une source du 10 Downing Street au Guardian.

Dans une note, le ministère du Transport a accusé les syndicats « d’avoir choisi d’infliger la misère à des millions de personnes et de perturber leur vie quotidienne au lieu de travailler avec les responsables du secteur pour trouver un accord qui mènera nos sociétés de chemin de fer au 21e siècle ». « Il est clair que les grèves ne sont plus un outil aussi puissant qu’avant et que les chefs des syndicats ne sont plus en capacité de mettre à l’arrêt le pays car, contrairement à eux, le monde a changé et que les gens travaillent simplement depuis chez eux », peut-on également lire.

Malgré ces déclarations, les syndicats n’ont pas perdu de leur influence, pour Sarah Pickard, maîtresse de conférences en civilisation britannique contemporaine à la Sorbonne Nouvelle, interrogée par 20 Minutes. Une situation accentuée par le Brexit car « le pays manque de main-d’œuvre ». « Les gens ont peur et les syndicats témoignent d’un malaise que l’on n’avait pas connu depuis longtemps », explique-t-elle.

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