Face à la flambée des prix du carburant, la crainte d'un retour des Gilets jaunes
Les Gilets jaunes préparent-ils leur retour? Cette hypothèse inquiète la majorité. Avec plus d'1,53 euros le prix du litre de gazole, un record historique a été battu la première semaine d’octobre, au plus haut depuis dix ans. Soit plus que le 17 novembre 2018, date de naissance d’un mouvement de colère d'une rare ampleur. Sans oublier que la facture du gaz et de l’électricité augmente aussi. Un véritable enjeu politique, alors que le pouvoir d’achat apparaît en tête des priorités des Français pour la présidentielle, selon un sondage Elabe pour BFMTV paru fin septembre.
"On est en campagne électorale, soulignait jeudi notre éditorialiste politique Laurent Neumann, sur BFMTV. Cette question du pouvoir d’achat, c’est le sujet majeur, elle est centrale. Le gouvernement ne peut pas rester les bras croisés en disant 'on ne fait rien.'"
Cette étincelle arrive à l'approche des trois ans du mouvement. Sur les réseaux sociaux, les appels à une "saison 2" des Gilets jaunes se multiplient. Mercredi, le hashtag #GiletsJaunessaison2 s’est hissé en tendance sur Twitter. Une nouvelle saison qui débuterait ce week-end. Certains figures du mouvement resurgissent à cette occasion. “Organisez-vous dans vos régions, récupérez vos ronds-points, récupérez vos centre-ville, mais ressortez dans la rue”, a enjoint Jérôme Rodrigues, l’un des porte-parole éborgné lors d’une manifestation, dans une vidéo partagée mercredi.
Sur RMC-BFMTV, ce vendredi, Ingrid Levavasseur, aide-soignante et ex-figure de proue du mouvement, a confirmé que des rassemblements étaient bien prévus, mais tout en affirmant qu'il n'y aurait "pas de blocage". "C'est pour dire 'on est là', avec des distributions de tracts, mais rien de comparable à il y a 3 ans, où il y avait un effet de surprise", tempère-t-elle.
Si la presse locale en a fait l’écho, et que des listes de rassemblement sur les ronds-points prévus pour ce week-end sont partagés sur les réseaux, il est difficile d’évaluer l’ampleur d’un mouvement imprévisible par définition. Des actions non déclarées peuvent également être à prévoir.
"Ça peut péter à nouveau”
“Je reste vigilant car je me dis que ça peut péter à nouveau”, affirme Ludovic Mendes, député LaREM de Moselle, auprès de BFMTV.com. “Tous les samedis, on a entre 500 et 1000 personnes qui défilent à Metz [contre le pass sanitaire, ndlr]. Ce sont des militants de la colère. Mais la hausse du prix des énergies peut les pousser à se mobiliser un peu plus”, craint le député. "Dire qu’on va repartir sur un mouvement des Gilets Jaunes, sans doute pas, mais ça va grogner!", alerte aussi le député LaREM Jean-Baptiste Moreau dans Le Monde.
François Patriat, sénateur de la Côte-d’Or et président du groupe LaREM au Sénat, est plus sceptique. “On ne va pas tout le temps se faire le coup de la menace des Gilets jaunes. L’opinion publique a compris pendant l’épidémie que les manifestations à rebours comme sur le pass sanitaire, ça ne marche pas vraiment”, estime-t-il auprès de BFMTV.com.
Surtout que l’augmentation des prix n’est pas du fait du gouvernement, rappelle le sénateur, contrairement à la taxe carbone de 2018, mais à la reprise économique mondiale.
Chèque carburant ou moratoire sur les taxes
En prévention, le gouvernement tente de contenir le potentiel brasier. Le Premier ministre Jean Castex a prévenu il y a deux semaines qu’il surveillait le prix des carburants “comme le lait sur le feu”.
Jeudi, Emmanuel Macron a promis la mise en place d'une "action de court terme", pour "ne laisser personne dans le désarroi”, en marge d’un déplacement en Seine-Saint-Denis consacré au sport. "Le gouvernement est mobilisé. Ça touche nos compatriotes, particulièrement les plus modestes. Je ne mésestime pas ce que ça represente pour les Francais" affirmait-il face à nos caméras.
Matignon n’écarte aucune option. Interrogé mercredi sur BFTMV, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a avancé que “plusieurs pistes” étaient “possibles”. Parmi elles, un chèque carburant pour les plus modestes ou éloignés de leur lieu de travail, ou encore un moratoire sur les taxes. Le président du groupe LaREM au Sénat François Patriat est favorable à des mesures rapides. Il assure qu’“au-delà du blocage du prix de l’électricité [et du gaz, annoncé par Jean Castex le 30 septembre, ndlr], il y aura une mesure qui sera prise et annoncée, à mon avis, dans les dix jours qui viennent.”