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Fabius met en demeure les négociateurs de la COP21 de conclure

Laurent Fabius a mis en demeure vendredi soir les négociateurs de 195 pays engagés dans d'âpres discussions sur la lutte contre le réchauffement de la planète, de conclure samedi la conférence de Paris sur le climat par un accord ambitieux. /Phoot prise le 11 décembre 2015/REUTERS/Stéphane Mahé

par Emmanuel Jarry LE BOURGET, Seine-Saint-Denis (Reuters) - Laurent Fabius a mis en demeure vendredi soir les négociateurs de 195 pays engagés dans d'âpres discussions sur la lutte contre le réchauffement de la planète, de conclure samedi la conférence de Paris sur le climat par un accord ambitieux. Après une nouvelle nuit de négociations, le chef de la diplomatie française a consulté tout l'après-midi, de demi-heure en demi-heure, les chefs de file des groupes de pays, pour rechercher des compromis sur les points en suspens. Un de ces différends réside dans le refus des Etats-Unis de voir inscrit dans le futur accord le montant de 100 milliards de dollars par an, que les pays développés se sont engagés en 2009 à mobiliser d'ici 2020 pour les pays en développement. Selon des sources proches des négociations, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a réitéré cette ligne rouge, lors de la réunion de la nuit, au risque de braquer une bonne partie des 80 autres ministres assis autour de la table. Laurent Fabius, qui a reçu John Kerry dans son bureau de la présidence de la COP21, a néanmoins réaffirmé en début de soirée dans une déclaration à la presse qu'il entendait présenter samedi à 9h00 (8h00 GMT), après d'ultimes ajustements, un "texte final". "Il faut savoir terminer une négociation", a-t-il dit. "Toutes les conditions sont réunies pour obtenir un accord universel, ambitieux, et probablement (...) les conditions n'ont jamais été aussi favorables." "Maintenant la responsabilité appartient aux ministres, qui demain auront à faire leur choix", a ajouté le ministre. "Moi je vais leur présenter un texte qui est le plus ambitieux et le plus équilibré qu'il soit possible." Il a prévenu qu'aucun pays n'obtiendrait la satisfaction de 100% de ses demandes. Mais "si chacun exige les 100%, finalement chacun obtient 0%, donc il faut avoir l'esprit de compromis." CONTRAINTES AMÉRICAINES Laurent Fabius a également prévenu les négociateurs que le monde risquait de ne jamais retrouver un "momentum aussi favorable" qu'à Paris pour conclure un tel accord. Il les a invités à se souvenir du message des 150 chefs d'Etat et de gouvernement qui ont ouvert la conférence le 30 novembre : "Le monde a besoin d'un succès" à Paris. "Moi c'est l'accord du succès que je vais présenter", a insisté le chef de la diplomatie française. "Et j'espère que chacun aura à coeur de prendre ses responsabilités." Il restait encore quelques heures pour aplanir les divergences, mettre au point le texte promis par Laurent Fabius et conclure la COP21 avec 24 heures de retard. Un certain nombre de délégations semblaient vendredi soir comprendre l'impossibilité pour John Kerry, qui a aussi réitéré ses objections à un accord "juridiquement contraignant", de ramener à Washington un texte que le Congrès n'acceptera pas ratifier. L'une des solutions envisagées est d'inscrire le chiffre de 100 milliards d'euros non dans l'accord lui-même, mais dans la décision de la COP21, une ensemble de dispositions relatives à sa mise en oeuvre et à laquelle il est annexé. "Nous connaissons les contraintes des Etats-Unis", a ainsi déclaré à Reuters le sud-africain Xolisa Ngwadla, négociateur en chef du groupe des pays africains. "La grande question c'est comment coder leurs obligations." Le diplomate angolais Giza Gaspar-Martins, président du groupe des 48 pays les moins avancés, estime que le désaccord avec les Etats-Unis sur les 100 milliards "peut-être réglé". "Cent milliards de dollars dans cinq ans, ça ne veut rien dire", explique-t-il. "Ce que nous devons reconnaître c'est qu'il faut que des flux financiers suffisamment importants aillent à la l'action pour le climat." "Le chiffre, nous pouvons le traiter de différentes manières, pas nécessairement dans l'accord", ajoute-t-il. Des responsables des Nations unies confiaient en privé vendredi soir qu'ils ne pensaient pas que des pays bloqueraient l'accord. (Avec Bate Felix et Megan Rowling)